Un nouveau parc dédié aux entreprises pourrait voir le jour près d'Annecy pour accueillir des entreprises qui manquent de terrains pour se développer. Mais le projet, qui menace plusieurs hectares de terres agricoles, est contesté par des riverains et un syndicat paysan qui dénoncent cette artificialisation des sols.
Le projet de zone industrielle commence à éveiller les inquiétudes. A Poisy (Haute-Savoie), 13 hectares de terrains agricoles, à 10 minutes du centre-ville d’Annecy, pourraient disparaître au profit d'un parc d'activité dédié aux entreprises.
Les prairies sont exploitées par deux agriculteurs qui y récoltent du foin pour nourrir leur bétail. Le centre d’élevage de Poisy y cultive aussi des céréales. En bordure de pré, quelques maisons et appartements offrent un bout de campagne à la ville.
"Ce qui nous a beaucoup plu, c’est ce grand champ, (...) les petits oiseaux dans les arbres, les chats qui passent dans le champ. C'est vraiment ce côté nature qu’on aime et on essaye d’inculquer à nos enfants des vraies valeurs : manger local, protéger nos terres agricoles, et c’est tout l’inverse qui risque de se passer", craint Daphné Dussolliet, une riveraine membre de l'association Les gardiens des terres agricoles.
L'opposition s'organise
Le collectif d'habitants a vu le jour pour militer contre ce projet qui comprendrait une zone d’activité économique accueillant 110 000 m² de bureaux et espaces industriels ainsi qu'un échangeur pour en faciliter l'accès. "Nous pensons que ce projet d’un autre temps n’est plus en adéquation avec les nouveaux enjeux liés au réchauffement climatique", écrit l'association dans un communiqué.
Le parc d'activité pourrait générer entre 1 500 et 2 000 emplois dans les secteurs du tertiaire et de l’industrie. Car les entreprises haut-savoyardes manquent de terrains pour se développer. L'agglomération du Grand Annecy, qui porte le projet, assure qu'il n'y a pas d’autre surface disponible pour les accueillir.
Nous avons besoin de ces 13 hectares pour pouvoir implanter nos entreprises dans le futur, garder l'emploi et le logement.
Pierre Bruyère, vice-président du Grand Annecy et maire de Poisy
"Il nous manque 24 hectares pour satisfaire les besoins de nos entreprises", expose Pierre Bruyère, vice-président du Grand Annecy et maire de Poisy. "Nous avons besoin de ces 13 hectares pour pouvoir implanter nos entreprises dans le futur, garder l'emploi et le logement", des enjeux de taille en Haute-Savoie avec la raréfaction du foncier.
"Garder le dynamisme de la Haute-Savoie"
Ce projet au long cours est loin d'être concrétisé, mais l'édile veut miser sur l'avenir. "On aura vraisemblablement besoin de l'économie et du logement si on veut garder le dynamisme de la Haute-Savoie", complète-t-il, louant un espace qui permettra "d'anticiper le réchauffement climatique" en offrant aux habitants des "espaces de rafraîchissement" avec arbres et végétaux.
"On est dans un cas emblématique de bétonisation à outrance. C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase", réagit Sébastien Vasmer-Bermond, porte-parole de la Confédération paysanne de Haute-Savoie, syndicat agricole opposé au projet. Les opposants, qui dénoncent l'artificialisation des sols et une "hémorragie de terres agricoles" dans le Grand Annecy, ont lancé une pétition qui a recueilli plus de 1 300 signatures en dix jours.
"On n'est pas contre les zones d'activité économique, mais on veut que les existantes soient densifiées. C’est une question de choix politique, estime-t-il. On ne va pas détruire des terres agricoles pour développer une activité économique à côté. Il faut que les deux activités économiques puissent vivre ensemble."
Densifier les zones d'activité, c’est également l’intention du Grand Annecy. Mais ces opérations prennent du temps, d’où ce nouveau projet intégré au futur plan local d’urbanisme intercommunal (PLUI) soumis au vote en 2025, après une enquête publique.