Des habitants de la commune de Seynod (Haute-Savoie), près d'Annecy, montent au front face aux nuisances générées par un entrepôt Amazon, situé à proximité d'un hameau. Ils exigent des solutions d'aménagement, voire un départ du géant américain.
Plus de trois ans après son implantation à Seynod, en Haute-Savoie, l'activité d'Amazon continue de poser problème. Le géant américain de la vente à distance est accusé, par des riverains et des élus locaux, de générer de nombreuses nuisances, un ballet quotidien de camionnettes et de semi-remorques, ainsi que des difficultés de circulation.
Dans un nouveau communiqué, l'association "Bien vivre à Branchy", un hameau situé derrière la zone d'activités de Seynod, explique : "Le site d'Amazon a ouvert le 7 octobre 2020. En 2023, les problèmes n'ont toujours pas été réglés. Nous avons recensé 118 incidents différents dont 69 pour les seuls mois de novembre et décembre. Aucune décision (n'a été) arrêtée. Aucune solution (n'a été) mise en place. 2024 se profile de la même façon."
Pour le maire délégué de Seynod, Olivier Barry, l'implantation du géant américain n'aurait pas dû être homologuée : "L'implantation d'Amazon dans cette petite zone d'activités avait été autorisée par l'ancien maire, au motif que la création d'une entreprise sur les lieux générerait des emplois", explique-t-il. Mais à l'époque, le nom d'Amazon n'est pas affiché : "C'était un projet de centre messagerie."
Des années plus tard, le constat est simple selon lui : "Ce n'est pas une activité compatible avec le secteur. Aujourd'hui, on paie les conséquences de cette autorisation."
Olivier Barry constate une "grosse montée en puissance du site" depuis quelques mois. "La vie est intenable aujourd'hui à certains moments de la journée. Ce sont des moments qui se répètent parfois toutes les demi-heures. Les gens n'en peuvent plus. Il y a des altercations avec des habitants et des chauffeurs. La route est parfois bloquée... Ce sont des choses qui ne peuvent plus durer."
"C'est pire"
"Quatre ans après, c'est pire, il y a beaucoup plus d'activités", s'attriste l'édile. "Maintenant qu'il est là, il faut faire avec", soupire de son côté Didier Tempête, secrétaire de l'association "Bien Vivre à Branchy" devant quelques fourgonnettes qui sortent de l'entrepôt.
Selon ses comptages, entre 200 et 400 camionnettes vont et viennent tous les jours, selon les périodes : "À partir de juillet 2023, on a assisté à deux phénomènes. D'abord la montée en puissance de l'activité Amazon avec encore (une hausse) de 30 % de l'activité à prévoir. Et puis, aussi le désintérêt de la société sur les problèmes qu'elle engendre en dehors d'elle-même."
Face à toutes ces nuisances, le maire Olivier Barry demande "des solutions, des aménagements" avec la direction du site. Quant à Didider Tempête, pour l'association "Bien Vivre à Branchy", il faut qu'Amazon et ses sous-traitants, chargés en partie de la livraison des colis, "respectent les usagers et le code de la route". "Sur le plus long terme, il faut peut-être que (l'entreprise) s'en aille d'ici. Il y a des zones industrielles beaucoup mieux adaptées", ajoute-t-il.
Des mesures déjà mises en place, selon Amazon
Contactés, les services d'Amazon ont répondu par voie de communiqué : "Partout où nous opérons, nous nous efforçons d’entretenir de bonnes relations de voisinage. La sécurité de nos salariés, de nos partenaires et riverains est une priorité absolue et nous travaillons directement avec eux et toute autre partie-prenante concernée pour aider à la gestion du trafic."
"Depuis son ouverture en 2020, l’agence de livraison dont les opérations fonctionnent 24/24, organise des réunions régulières avec la mairie, les autorités locales et son voisinage. La situation évoquée est prise très au sérieux par Amazon qui a immédiatement pris des mesures pour répondre aux préoccupations soulevées", poursuit le document.
Parmi ces mesures, Amazon souligne "des rappels réguliers (...) sur la sécurité routière auprès des partenaires de livraison" ou encore "le décalage des horaires d'arrivée des poids lourds pour éviter les heures de pointe du voisinage" et "le rappel aux chauffeurs de poids lourds des lieux de stationnement disponibles". Un agent de sécurité a également été engagé pour "la gestion des flux d'entrée et de sortie des poids lourds".
Une réunion, prévue fin mars, doit réunir la municipalité, les riverains et la direction générale d'Amazon France afin de tenter de trouver une solution localement.