Outre Atlantique, les géants de la high tech, tels que Google, Méta, Salesforce ou très récemment Amazon, font marche arrière sur leur pratique du télétravail. En France, les salariés d’Ubisoft sont appelés à la grève pour défendre le travail à distance. Doit-on craindre une remise en cause du télétravail ? Éléments de réponse avec le spécialiste breton de l'offre d'emploi, HelloWork.
Avec la pandémie mondiale de la COVID-19, le télétravail s’est imposé à travers le monde. La crise sanitaire passée, cette pratique a continué à se développer, notamment aux États-Unis.
Pour les géants de la high tech, le télétravail a permis d’une part de diminuer les investissements immobiliers, mais aussi et surtout de recruter les meilleurs développeurs à travers le monde.
Volte-face sur le télétravail aux États-Unis
En 2023, la conjoncture économique évolue et quatre des cinq GAFAM (les cinq plus grandes entreprises technologiques au monde) Google, Apple, Facebook (Meta), Amazon décident de changer de politique en matière de télétravail.
"Depuis 18 mois, le marché de la Tech n’est plus au top de sa forme, constate Flavien Chantrel, après l’euphorie de la Covid, on constate aujourd’hui un mouvement du "retour au bureau " aux États-Unis en particulier ", confirme le directeur éditorial d’HelloWork, l’entreprise éditrice de sites web consacrés à l’emploi, au recrutement et à la formation.
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Ainsi, dès le mois de juin 2023, Google incite fortement ses salariés à revenir en présentiel, au moins partiellement. Méta (ancien Facebook) fait de même, alors que d’autres géants de la tech, tels que Zoom, ou X, appliquent des stratégies beaucoup plus radicales en sommant leurs salariés de revenir au bureau.
Plus récemment, c'est Andy Jassy le PDG d’Amazon qui a annoncé à son personnel la fin du télétravail à compter du 2 janvier 2025. "En observant ces cinq dernières années, nous continuons de penser que les avantages d’être tous ensemble au bureau sont importants " écrit-il dans un message de communication interne.
Les 900 salariés français qui pratiquent le télétravail chez Amazon France seraient cependant épargnés par cette décision, selon Le Monde.
Ubisoft France remet en cause l’accord télétravail
Ce mardi 15 octobre, les salariés d’Ubisoft, sont appelés à cesser le travail pour trois jours. Un mouvement de grève inédit chez ce mastodonte breton des jeux vidéo, qui fait suite au souhait de la direction de revenir sur l’accord télétravail.
La firme souhaite, en effet, que ses 4 000 salariés reviennent tous en présentiel au moins trois jours par semaine, alors qu’ils sont nombreux à pratiquer le 100% distanciel. La raison invoquée est de favoriser la créativité.
"C'est une décision qui est assez injuste. On revient sur un droit que les salariés ont acquis récemment. Entre-temps, on a des collègues qui ont déménagé, qui ont acheté des maisons... Comment vont-ils faire quand il s'agit de revenir trois jours par semaine ? On a aussi des collègues qui sont en télétravail pour des raisons de santé. Il y a mille raisons et elles sont toutes bonnes » réagit Marc Rutschlé, délégué syndical Solidaires informatique.
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Les salariés français bientôt concernés ?
Cette tendance observée au niveau international va-t-elle se dessiner également dans l’hexagone ? Le directeur éditorial d’HelloWork, estime qu'il n'y a pas, à ce stade, de risque de voir une remise en cause du télétravail en France.
"En France, le virage du télétravail n’a pas été aussi prononcé qu’aux États-Unis, relate Flavien Chantrel. Seul 1% de nos offres d’emploi sont en 100% télétravail. La grande majorité des entreprises propose une organisation hybride".
Dans notre pays, une organisation hybride présentiel-distanciel a été majoritairement adoptée, et il y a désormais consensus sur la question
Flavien Chantrel, directeur éditorial HelloWork
Actuellement, HelloWork relaie 900 000 offres d'emplois du secteur privé et "environ 30% de celles-ci proposent toujours du télétravail", rapporte le responsable de l'éditeur de sites web. Cela prouve bien que les entreprises estiment que le télétravail est une organisation qui convient à tout le monde, employeurs comme employés.
Une organisation gagnant-gagnant
D'un côté, les entreprises ont investi dans des outils et des process qui fonctionnent. De l'autre, les salariés ont gagné en qualité de vie. Et les chefs d'entreprises savent désormais que la satisfaction des personnels est une dimension essentielle, car un salarié heureux est un salarié qui travaille bien... Preuve en est que, depuis la mise en place du télétravail, les taux d’absentéisme ont diminué dans l'hexagone.
En outre, une étude de l'APEC, révèle qu'un cadre sur deux envisagerait de démissionner si leur entreprise remettait en cause le travail à distance.
"Dans notre pays, une organisation hybride présentiel-distanciel a été majoritairement adoptée, et il y a dorénavant consensus sur la question", résume Flavien Chantrel.
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En l'état actuel des choses, les entreprises françaises semblent donc n'avoir aucun intérêt à revenir sur une organisation du travail hybride.