Le 100% télétravail chez Ubisoft, c’est terminé ! À Montpellier, comme sur les autres sites du géant du jeu vidéo, les salariés organisent un débrayage de trois jours, du 15 au 17 octobre 2024, pour défendre leur droit de choisir leur rythme de travail.
Depuis cinq ans chez ubisoft, comme dans de nombreuses entreprises, le télétravail à 100% était possible, sous dérogation. De nombreux salariés s’étaient habitués à ce mode de fonctionnement qui est aujourd'hui remis en question.
La direction a récemment imposé un retour en présentiel à raison de trois jours par semaine pour l’ensemble des salariés. Les employés ont été informés par e-mail ce qui a provoqué des incompréhensions.
Les salariés ont été avertis par mail du jour au lendemain de ce changement de rythme de travail, sans donner de justifications pertinentes.
Clément MontignyDélégué syndical du STJV.
Choisir son rythme de travail, une mesure qui permet à de nombreux employés de concilier travail et vie personnelle. Certains avaient même fait de ce mode de travail un choix de vie. "Cette annonce brutale, sans dialogue, plonge les salariés dans l'inquiétude", souligne le syndicat majoritaire, qui reçoit de nombreux messages de salariés inquiets.
On a le sentiment qu’on ne nous fait pas confiance, alors qu’il n’a pas été prouvé que le télétravail ait eu un impact négatif sur la productivité.
un salarié
Beaucoup de salariés se sont installés loin du site pour des raisons financières ou familiales. Ils craignent désormais de perdre un temps précieux dans les embouteillages pour se rendre au travail. Un salarié interrogé envisage même de quitter l’entreprise : "Nous avons reçu un e-mail sur ce changement sans aucun préavis. Nous avions organisé notre quotidien autour de ce mode de travail".
✊🔴 GRÈVE à Ubisoft en France les 15, 16 et 17 octobre prochains.
— Syndicat des Travailleurs·ses du Jeu Vidéo (@stjv_fr) September 26, 2024
Télétravail rogné, salaires en berne, dialogue social en panne : on dit stop !
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Recherche de calme
À Montpellier, environ 400 salariés travaillent dans des "open spaces", rassemblant chacun une centaine de personnes. Les conditions de travail y sont jugées bruyantes par certains salariés, et les moyens de confort pour travailler dans le calme sont limités à des casques antibruit. "Je préfère travailler chez moi, au calme, plutôt que dans un open space avec un bruit incessant et des distractions permanentes, c’est contre-productif", confie un salarié.
Il faut aimer travailler dans ce bruit constant. Nous sommes nombreux à utiliser régulièrement des antidouleurs pour les maux de tête lorsque nous sommes en présentiel.
un salarié
L'industrie du jeu vidéo en difficulté
Certains salariés perçoivent ce revirement comme un "plan social déguisé". Cette décision intervient alors qu’Ubisoft fait face à des difficultés. Depuis deux ans, l’industrie du jeu vidéo traverse une crise. Ubisoft, l’une des plus grandes entreprises du secteur avec 45 studios en France et à l’étranger, a mis en place un plan de réduction des coûts en janvier 2023, entraînant le départ d’environ 300 salariés en France. Actuellement, Ubisoft emploie plus de 4 000 salariés dans l’Hexagone. Selon les syndicats, l’entreprise poursuit un "plan d’attrition naturelle" pour réduire ses effectifs.
C’est une manière de réduire les effectifs sans l’annoncer. On limite le bien-être au travail, la flexibilité, et cela pousse les gens à quitter l’entreprise.
un salarié
Le dialogue social au sein de l’entreprise s’est aussi dégradé selon le syndicat des jeux vidéo. En début d’année, les salariés ont fait grève après l’échec des négociations salariales. Dernièrement aucun accord sur l’intéressement des salariés n’a été trouvé. Les syndicats craignent une augmentation des risques psychosociaux.
On craint l’accroissement des risques psychosociaux en contraignant les personnes à revenir dans un open space bruyant. Cela va déclencher une souffrance au travail.
Clément MontignyDélégué syndical du STJV
Les syndicats réclament l’ouverture d’un dialogue social avec la direction pour instaurer un télétravail au cas par cas, selon les besoins de chacun, plutôt qu’une règle uniforme. La direction affirme cependant que des discussions sont en cours avec les représentants du personnel.
"On ne reviendra pas en présentiel à 100% chez Ubisoft !"
De son côté, la direction d’Ubisoft défend cette décision : On ne reviendra pas en présentiel à 100% chez Ubisoft !” Elle explique avoir réfléchi aux besoins des différents métiers, estimant que la présence physique des équipes au bureau au moins trois jours par semaine est nécessaire pour optimiser la créativité.
L’objectif est d’améliorer la collaboration, la cohésion et l’innovation au sein de nos équipes, tout en préservant leur flexibilité, leur bien-être et l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Nous sommes convaincus que cet équilibre optimisera à la fois la performance collective et la satisfaction individuelle.
La direction d’Ubisoft
Ubisoft promet de laisser la possibilité aux salariés qui en ont besoin de s’adapter à ce changement, et précise que les chefs d’équipe locaux détermineront quand des exceptions seront justifiées.
En France, en 2023, 47 % des entreprises ont recours au télétravail, en moyenne deux jours par semaine. Le travail en distanciel est un sujet qui divise aujourd'hui. De plus en plus d'entreprises françaises réduisent le nombre de jours de télétravail autorisés par semaine. Le géant américain du e-commerce, Amazon, a annoncé le retour intégral de ses 300 000 salariés au bureau dès janvier 2025.