Ce mercredi 8 mai, l'harmonie municipale de Marnaz, petite commune de Haute-Savoie, se produira à Rome lors de l'audience générale du pape François. Une occasion unique pour ses musiciens, âgés de 11 à 80 ans, qui ont préparé un "programme festif" à la demande du Vatican.
Deux bus stationnés devant la salle de répétition. C’est ainsi que doit débuter, ce mardi 7 mai, "l’épopée romaine" de l’harmonie municipale de Marnaz. Soixante-quinze musiciens et leurs accompagnants se préparent à un voyage de nuit direction le Vatican, où ils se produiront devant le pape et les pèlerins venus assister à l’audience générale du mercredi.
Chaque semaine, l’arrivée du Saint-Père dans sa papamobile est accompagnée de musique. "Souvent ce sont des groupes italiens. Mais pas que : il peut y avoir des groupes étrangers et cette semaine, ce sera l’harmonie de Marnaz", explique sa présidente. Par quel miracle ? "Il suffit de le demander !", sourit Nathalie Cailloce. La démarche, appuyée par l’évêque d’Annecy et l’ambassade de France, a abouti sur une réponse positive à l’automne.
A-Ha et Donna Summer
Le jour J, les musiciens âgés de 11 à 80 ans livreront une prestation d’une quinzaine de minutes. "On doit jouer pour toute la déambulation du pape, à partir du moment où il arrive place Saint-Pierre jusqu’au moment où il se place sur l’esplanade", décrit Julien Fillion, directeur musical de l’harmonie. Au répertoire, des classiques comme la Marche de Radetzky, qui clôt chaque année le concert du nouvel an de l’opéra de Vienne. Mais aussi des titres de variété : Take On Me de A-Ha ou Hot Stuff de Donna Summer – un "choix personnel" du chef d'orchestre de 31 ans, à la recherche d’une "musique entraînante que tout le monde connaît". "Moi au départ, j’avais pensé à un programme plus adapté, à de la musique d’église", reconnaît Julien Fillion. Mais "on a eu une demande du Saint-Siège pour un programme festif exclusivement".
Habitués à accompagner les cérémonies de la commune de quelque 5.000 habitants, les Marnerots
se sont mis au travail à raison de trois heures de répétition par semaine. "Ma mission, ça a été de rassurer les uns et les autres", explique Julien Fillion, arrivé en février 2023 à la tête de l’ensemble. Malgré l’enjeu – "Ce n’est pas tous les jours qu’on emmène un orchestre à l’international pour jouer devant un chef d’Etat !" -, il se dit confiant : "On a une très belle force collective. On est humainement très soudés et musicalement sur la même longueur d’onde."
"Marquer l'histoire"
"On est au point !", confirme Nathalie Cailloce. Cet événement, "on le prépare depuis des années, en faisant des lotos, des choses comme ça." Le budget, d’un total d’un peu moins de 40.000 euros, permet la prise en charge d’une grande partie du coût financier pour les musiciens. Un effort à la hauteur de l’événement : "Ça va marquer l’histoire de notre orchestre qui existe depuis 1836", souligne celle qui est aussi la descendante de son fondateur, Jean-Pierre Bouverat.
Pas de trac pour autant, assure la clarinettiste. "Le seul stress, c’est d’être à l’heure pour le pape !" Au gré des bouchons dans le tunnel du Mont-Blanc, l’harmonie se prépare à sauter du bus avant les premières notes, dès 9h. Puis la délégation haute-savoyarde pourra profiter d’un week-end à Rome. Au programme : musée du Vatican, Colisée, mont Palatin et un second concert, cette fois pour accompagner la messe en l'église Sainte-Louis-des-Français.