Le morceau "London in the Rain" de Variety Lab, groupe de musique basé en Lorraine, a atteint les quinze millions d'écoutes sur Spotify. Pour le groupe comme pour le label indépendant, "Ici d'ailleurs", c’est une belle reconnaissance mais cela ne va pas bouleverser l’ordre des choses.
Le morceau "London in the Rain" de Variety Lab, un groupe de musique, basé en Lorraine vient d'atteindre les quinze millions d'écoutes sur Spotify. Une bonne nouvelle pour l’artiste ? "C’est surtout une bonne nouvelle pour Spotify", nous répond du tac au tac Thierry Bellia.
Un succès dont se félicite quand même le directeur du Label "Ici d’ailleurs", Stéphane Grégoire : "Cela fait toujours plaisir. C’est plus pour l’artiste que nous sommes heureux. C’est très gratifiant", avant d’ajouter : "Certes, nous sommes dans un secteur en pleine mutation, une de plus. L’économie digitale est extrêmement complexe." Même si le système de rémunération des artistes a évolué en 2024, la plateforme reste globalement en faveur d’une répartition qui privilégie les têtes d’affiche au détriment des artistes plus confidentiels. "Même avec 15 millions d’écoutes, je ne suis pas près de m’enrichir", s'amuse Thierry Bellia. "Certains rappeurs font cela en une seule journée. Pour nous, il a fallu plusieurs années."
Un succès pour la gloire donc, que Variety Lab mérite pourtant. "C'est hallucinant pour nous de voir qu'un morceau que nous avons enregistré dans mon salon, à Nancy, est toujours écouté par des gens."
Thierry Bellia à l’époque de ce titre, découvrait les logiciels de sampling. "Je testais du nouveau matériel. J’avais reçu une compilation sur CD de titres sélectionnés par un ami, dont la chanson « I Like London In The Rain» de Blossom Dearie. J’ai samplé la voix et ajouté un peu d’écho. J’étais très attiré par l’Angleterre et immédiatement le résultat m’a plu. J’ai enregistré ma voix en réponse à la voix féminine. Jérôme Didelot et Alexandre Longo m’ont rejoint avec leur instrument : une basse et un clavier."
Il faut dire que ces trois-là à l’époque sont inséparables. Ensemble, il forme le groupe "Variety Lab", une électropop, London touch, made in France, qui continue de faire des heureux et pas que sur les plateformes.
Ce titre est utilisé par un jeu vidéo, Gran Turismo. Il a aussi été intégré dans une série Netflix, "You". Ce qui intrigue Thierry Bellia. Ce morceau a été utilisé sur une scène dans laquelle des gens discutent au bar. "Ce qui est drôle, c'est qu’un autre de nos titres a été utilisé dans une autre série, là aussi pour des gens au bar."
Stéphane Grégoire, directeur du label "Ici, d’ailleurs" mentionne la compilation "Hôtel Costes", qui a contribué à populariser ce morceau. "Ce qui me chagrine, c'est le manque de curiosité des auditeurs qui ne vont pas poursuivre en allant écouter l’intégralité de l’album. Ils découvriraient tellement d'autres choses."
Variety Lab existe depuis 1999. Ses membres font aussi des carrières solos comme Cascadeur ou dans d’autres groupes comme Orwell pour Jérôme Didelot.
"Ici d’ailleurs", un label indépendant
Le label indépendant, "Ici d'ailleurs", a fêté son 25ᵉ anniversaire, en 2022. Basé à Nancy et fondé en 1997 par Stéphane Grégoire, il se distingue par sa diversité musicale. Il produit des artistes de différents genres, différents styles, venus d'horizons très variés, des auteurs-compositeurs interprètes, mais pas seulement. Parmi les artistes phares du label, on retrouve Yann Tiersen, Chapelier Fou, Matt Elliott, ou encore Dominique Petitgand.
Le label a également lancé des collections telles que 0101 pour la musique électronique et OuMuPo (Ouvroir de MUsique POtentiel). Ce dernier, inspiré de l'OuLiPo (Ouvroir de Littérature Potentielle), propose à des DJ et des compositeurs électroniques de remixer le catalogue du label en suivant certaines contraintes. "More Over" est dédiée aux rééditions d’albums cultes de la scène New Wave et post-punk.
Enfin, "Mind Travels" est "une ode aux musiques expérimentales, "ambient" et "néo-classiques". Inspirée par une esthétique introspective et immersive", elle est en lien direct avec Francis Meslet, photographe urbex.