Quatre alpinistes sont toujours portés disparus dans le massif du Mont-Blanc. Deux alpinistes coréens et deux Italiens n'ont plus donné de signe de vie depuis samedi 7 septembre. Quelles sont leurs chances de survie à cette altitude ? Pourquoi les recherches n'ont-elles toujours pas repris ? Le point avec un expert du secours en montagne.
Ils n'ont plus donné de signe de vie depuis près de deux jours. Quatre alpinistes, deux Italiens et deux Coréens, sont portés disparus dans le massif du Mont-Blanc depuis ce samedi 7 septembre. Interrompues dimanche matin, les recherches n'ont toujours pas pu reprendre depuis, à cause de mauvaises conditions météo.
Blaise Agresti, ancien directeur du Peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) de Chamonix, explique que certaines conditions sont nécessaires pour permettre le déploiement des secours dans des milieux aussi sensibles : "Il y a d'abord une phase d'approche dans les secours. Soit elle se fait avec des moyens terrestres, soit par hélicoptère. Mais avec du mauvais temps, du vent, et une visibilité dégradée comme c'est le cas ces derniers jours, l'option de l'hélicoptère s'arrête rapidement. En altitude, le brouillard et le vent peuvent se montrer très dangereux, les dépressions de ces dernières heures ont été très violentes."
Déposer des secours par hélicoptère est également difficile dans des conditions pareilles : "On ne peut pas laisser une équipe là-haut si on n'a pas la certitude que celle-ci puisse redescendre par la suite."
La dernière option, celle de la caravane terrestre, est elle aussi périlleuse : "Les risques d'avalanches sont très sérieux dans ce secteur. D'autant plus avec les récentes précipitations. En montagne, à cette altitude, la moindre précipitation peut vite apporter 20 à 30 cm de neige fraîche supplémentaires."
"Les secours doivent mesurer l'exposition au risque avant d'agir"
Plusieurs possibilités s'offrent alors aux secouristes : "Il faut espérer une éclaircie, une petite fenêtre météo qui pourrait permettre, au moins, d'effectuer un survol de repérage. Des éclaircies significatives pourraient permettre à l'hélicoptère de redécoller, poursuit l'expert reconnu du secours en montagne et de la gestion des crises. Dans ce contexte, les secours doivent mesurer l'exposition au risque avant d'agir."
Les gendarmes utilisent aussi des moyens technologiques pour localiser les éventuelles victimes : "Si les téléphones des alpinistes fonctionnent encore, ils peuvent aider les secours avec des moyens de recherche comme la triangulation. Les secours peuvent aussi envoyer des messages avec un lien. Si les alpinistes parviennent à accéder à ce lien, cela permet de les localiser avec précision."
"La résistance au froid est inégale selon les individus"
Pour l'heure, il est difficile de prédire l'état de santé des quatre alpinistes disparus : "En plein hiver 1971, sur les Grandes Jorasses, René Desmaison est parvenu à résister plusieurs jours à un froid glacial avant d'être secouru. Mais, la résistance au froid est inégale selon les individus."
Un abri ou une crevasse pourrait aider les quatre individus dans leur survie : "S'ils parviennent à trouver un abri, leur chance de survie augmente et ils peuvent survivre plusieurs jours. Mais encore faut-il qu'ils puissent trouver un abri dans une tempête, ou encore avoir un équipement pour lutter contre le froid. La mort en surface peut, elle, être extrêmement rapide. Les risques sont de mourir d'hypothermie."
"Il y a une telle obsession avec le mont Blanc que certains sont prêts à prendre des risques démesurés pour atteindre le sommet. Là-haut, ce n'est pas de la pluie comme en vallée que l'on observe. C'est un autre monde. En fin d'été, l'environnement est dangereux avec des risques d'avalanches", regrette Blaise Agresti.
"Nous pensons qu'il y aura une fenêtre d'accalmie mardi"
Ce lundi en fin de journée, le PGHM de Chamonix a indiqué que les recherches ne reprendront que mardi : "Les recherches se poursuivront demain (mardi)", ont indiqué les gendarmes, expliquant que les conditions météorologiques n'avaient pas permis d'intervenir lundi.
"Nous pensons qu'il y aura une fenêtre d'accalmie demain (mardi) et prévoyons de reprendre les recherches, sans aucune garantie de succès", a précisé à l'AFP le capitaine Nicolas Zickler, adjoint au commandement du PGHM.