Au cœur de l'Ultra-Trail du Mont-Blanc, le portrait d'une traileuse de Chamonix

Corinne Michaud est sur le point de terminer son premier Ultra-Trail du Mont-Blanc, l'une des courses les plus difficiles au monde, qui s'étend sur pas moins de 170 kilomètres, et avec un dénivelé positif de 10.000 mètres.

A quoi pense-t-on lorsque l'on court depuis plus de douze heures, sous le crépuscule, la lune et l'aube, et que l'on n'en est qu'au quart de sa course ? 

"A sa vie, à plein de choses... et des fois on pense à rien, nous répond Corinne Michaud. On arrive à se couper, à être déconnecté de tout, et de temps en temps en souffrance, quand même. Il y a des moments où on est vraiment seul." Seul, alors que plus de 2.300 coureurs, ou traileurs, se démènent en même temps sur la même route.

Car l'UTMB, ou Ultra-Trail du Mont-Blanc, n'est pas une petite course. Longue de plus de 170 kilomètres, passant par quinze communes étalées sur les trois pays alpins, elle enregistre plus de 10.000 mètres de dénivelé positif. Autrement dit un parcours d'une difficulté extrême, que les coureurs ont jusqu'à 46 heures et 30 minutes pour terminer. Partis vendredi 26 à 18H  la course dure jusqu'à ce dimanche 28, à 16H30.

Corinne Michaud participe à son premier UTMB. Une compétition pour laquelle elle s'est durement entraînée, courant quatre à cinq fois par semaine, entre son travail et ses trois enfants. "Jamais j'aurais cru être sur la ligne de départ de l'UTMB, Ca fait trois ans que je commence à courir, donc c'est vrai que d'être là, c'est beaucoup d'émotion pour moi".

Reportage de Françoise Guais et Gilles Ragris

Ni montre, ni GPS, Corinne court au feeling. Comme la plupart des coureurs, elle ne vise pas les premières places, mais le dépassement d'elle-même. Il y a pourtant beaucoup d'obstacles. La chaleur, tout d'abord, 29°C à Saint-Gervais en début de soirée. Et puis la foule, le flot... et la solitude, pour cette Chamoniarde habituée à voir des visages familiers dans la montagne.

"Depuis Chamonix jusqu'à maintenant, quatre heures de course sans voir personne qu'on connaît, c'est un peu difficile donc on est content d'avoir son entourage quand on arrive sur un relais."

Et son entourage, la traileuse l'a finalement retrouvé à la ligne d'arrivée, qu'elle a franchi à 14:04, avec un temps total de 44 heures, 3 minutes et 43 secondes, se classant à la 1.081^e place du classement (sur plius de 2.300 participants). Loin des 22 heures de Ludovic Pommeret, le vainqueur de la course arrivé hier, ou bien de Caroline Chaverot, la première femme en 25 heures et 15 minutes, mais cela reste une prouesse dont bien peu de monde est capable.