En Patagonie, les alpinistes Lise Billon, Fanny Schmutz et Maud Vanpoulle ont réalisé, fin février, la première ascension féminine de l'arête sud-est du Cerro Torre, sommet entre l'Argentine et le Chili, connu pour sa grande difficulté.
Au terme d'un long périple et de trois jours de grimpe, les alpinistes Lise Billon, Fanny Schmutz et Maud Vanpoulle, ont signé, fin février, la première ascension féminine de la voie du Compresseur du Cerro Torre, l'arête sud-est de ce sommet en Patagonie, à la frontière entre le Chili et l'Argentine.
Une performance exceptionnelle sur un colosse de pierre, long de 1 000 mètres, qui nécessite 28 longueurs entre glace et rocher avec des passages d'escalade des plus techniques sous le sommet à 3 102 mètres d'altitude. Depuis 2012 et le dépitonnage de la paroi, seule une dizaine d'ascensions intégrales ont été concluantes.
"Pas beaucoup d'espoir"
Pourtant le début de l'aventure en Amérique du Sud ne laissait en rien envisager un tel succès. "On est arrivées le 13 janvier et on a commencé à marcher le 22 février", confie Lise Billon, guide de haute montagne basée à Chamonix (Haute-Savoie). Une longue attente imposée par des conditions météo difficiles et l'absence de fenêtre favorable.
Après une quarantaine de jours à attendre à El Chalten, capitale de l'alpinisme en Patagonie, les trois alpinistes se décident à tenter leur chance : "C'était inespéré. On s'est dit, après tout ce temps, qu'on allait partir sans avoir eu la chance d'essayer."
Mais les premiers jours sont difficiles avant de rejoindre la paroi du Cerro Torre. Les précipitations des derniers jours ont amené d'importants cumuls de neige : "Nous n’avions pas beaucoup d’espoir compte tenu des conditions dantesques face à nous, mais nous avons décidé d’avancer pour voir."
Le vent, le froid, les fissures pleines de neige... Malgré les éléments qui s'acharnent contre elle, la cordée ne lâche pas : "On a commencé à grimper un samedi matin. Les premières longueurs étaient pleines de neige. C'était un peu l'enfer, poursuit Lise Billon. Après les deux premières longueurs, on s'est dit qu'on n'allait jamais atteindre le sommet. On s'est dit 'pas grave, on continue'. L'autre cordée qui était avec nous, des Américains, était hyper optimiste. Ça nous a aidées."
Du 7a pour finir
Les longueurs très difficiles s'enchaînent et laissent, petit à petit, espérer une ascension intégrale : "C'était incroyable", se souvient la Chamoniarde, qui se remémore "des mouvements d'escalade de fou" sur cette longue paroi.
Lise Billon effectue la dernière longueur, en 7a (une des cotations les plus difficiles en escalade), puis c'est la délivrance. Un exploit majuscule non seulement pour une cordée féminine mais aussi pour l'alpinisme français.
"On a construit une vraie belle cordée. Ça fait un moment qu'on se connaît, qu'on fait des choses ensemble. On se disait que c'était un travail d'équipe. On y serait jamais arrivé si on n'était pas toutes ensemble. On a toutes fait des longueurs clés à un moment donné. C'était hyper fort, explique Lise Billon. Toutes les trois ensemble, on était fortes."