A Chamonix, beaucoup l'appellent encore la chapelle anglaise. Et pour cause, cette ville marquée par une forte présence britannique couve en son sein un temple, lieu de rencontre de son importante communauté protestante. Il va faire, pour des mois encore, l'objet de rénovations.
En 1860, la Colonial and Continental Church Society construit un temple pour que les Anglais - déjà fortement présents - puissent exercer leur culte à Chamonix. Une implantation dont les origines remontent au milieu du XVIIIe siècle, lorsque Windham et Pococke, deux aventuriers britanniques, font un voyage aux glacières de Chamonix et en écrivent le récit. Suivront de nombreux aristocrates, des écrivains, des peintres, des scientifiques et des alpinistes, tous venus d'outre-Manche.
La communauté de sa Majesté la reine est encore bien présente à Chamonix : "10 % de la population de Chamonix est britannique", explique Patrick Chong, pasteur de l'église protestante unie de France, qui officie entre Chamonix, Argentières en passant par Saint-Gervais et Cluses, dans des locaux prêtés par l'Eglise catholique. Preuve de plus que les guerres de religions entre Français et Britanniques sont bel et bien terminées.
Encore une présence anglaise
"Avec les catholiques, on prépare les fêtes de Pâques en ce moment", se félicite d'ailleurs le pasteur, qui devrait être en retraite, mais que la crise des vocations contraint de jouer les prolongations. "Les cultes sont d'ailleurs en français, mais aussi en anglais", poursuit-il.
Les textes lus en français pendant l'office sont tous traduits en anglais avant d'être envoyés en amont de la cérémonie aux anglophones. "Le gros avantage de cette méthode est que les Britanniques lisent de l'anglais en entendant du français. Ils apprennent ainsi plus vite notre langue", se félicite Patrick Chong. "Cela dit, la population francophone reste la plus nombreuse, bien sûr. C'est pour elle qu'on est là, d'ailleurs. Mais quand j'assure des enterrements, des mariages ou des baptêmes, il y a toujours quelques amis britanniques. C'est particulier à la vallée de Chamonix. On ne trouve pas ça partout."
Fin des travaux en 2024
Le temple est toujours debout, mais fortement dégradé. Peintures des murs écaillées, plancher abîmé, et surtout un système de chauffage obsolète et inefficace à cause de l'absence d'isolation.
Pas d'autre solution que d'engager de gros travaux dans le temple et le presbytère, pour isoler et installer un chauffage par géothermie. Commencés en 2022, ils prendront presque deux ans pour un budget global de 1 550 000 euros.
A l'horizon 2024, c'est ainsi un temple bien chauffé, avec des chaises au lieu des antiques bancs, mais aussi avec des sanitaires accessibles aux personnes à mobilité réduite, que retrouvera la petite communauté protestante de Chamonix. Un lieu de culte retrouvé et aux capacités augmentées avec l'installation d'équipements techniques pour accueillir des concerts et autres spectacles.
"Notre désir le plus cher, c'est que notre beau temple, idéalement situé dans son écrin de montagne, serve le plus possible comme lieu d'accueil des quelque 200 familles qui viennent y communier. Mais aussi pour des rencontres culturelles, inter-religieuses, des conférences ou pour des collectes en faveur de l'épicerie sociale de Chamonix par exemple", poursuit le pasteur.
Une façon de répondre aux éventuels promoteurs immobiliers, toujours à l'affût de la bonne affaire, vu le prix du mètre carré chamoniard. Bientôt pourvu d'une nouvelle vitalité, le vieux temple devrait encore garder longtemps, pour lui seul et ses fidèles, sa vue imprenable sur la chaîne du Mont-Blanc à deux pas du centre-ville.