C'est la "communauté montagne" qui a tiré la sonnette d'alarme. Une femme accompagnait des groupes d'alpinistes dans le Mont-Blanc, sans aucun diplôme. Elle a été arrêtée par le PGHM de Chamonix. Elle encourt un an de prison et 15 000 euros d'amende.
La fausse accompagnatrice a été interpellée jeudi 29 juillet, alors qu'elle venait de faire le tour du Mont-Blanc avec des clients indique le PGHM de Chamonix, confirmant une information de nos confrères de France Bleu Pays de Savoie
L'intervention a été menée par les gendarmes de la brigade de Chamonix, la brigade de recherche et le peloton de gendarmerie de haute-montagne (PGHM) après une enquête complète et minutieuse.
A l'origine, c'est la "communauté montagne" qui a fait part de ses doutes naissants mais persistants sur la qualification de cette femme qui se prétendait accompagnatrice en montagne.
Les gendarmes ont entamé des vérifications. Il s'agissait de s'assurer qu'elle se faisait bel et bien payer par ses clients pour les courses qu'elle "encadrait", de se renseigner auprès du service départemental de la jeunesse, de l'engagement et des sports pour établir qu'elle n'avait effectivement pas de formation dans ce domaine.
Lors de son interpellation, il s'avère en effet que cette femme, simple coach sportive, n'avait aucune attestation de diplôme d'état, ni aucune preuve de ses compétences. Le parquet de Bonneville est saisi du dossier. Elle a été laissée en liberté dans l'attente de son jugement. Elle encourt un an de prison et 15 000 euros d'amende.
Concurrence déloyale et enjeu de sécurité
Bien au-delà de la "concurrence déloyale envers les vrais guides de montagne", ces usurpateurs représentent un vrai danger pour les alpinistes qu'ils dupent.
"La plupart du temps, il est très difficile de prouver l’usurpation du titre de guide, l’encadrement ou l’accompagnement sans titre, parce que les suspects ont tendance à nier tout encadrement et à se présenter comme le simple ami d’un groupe. Il faut alors essayer de les séparer lors des contrôles pour tenter de réunir les preuves matérielles, consulter les sites Internet de séjours au Mont-Blanc pour voir apparaître les notions d’organisation et de rémunération ", témoignait le lieutenant-colonel Stéphane Bozon du PGHM dans cet article sur la gendarmerie de montagne en octobre 2019.
C'est l'une des missions judiciaires du PGHM : le contrôle des professions de guide de haute montagne. Coréens, Japonais, Italiens, Espagnols, Français, Slovaques, Roumains, Tchèques, Ukrainiens, Russes… n'est pas toujours facile. Le Mont-Blanc attire chaque année des milliers de personnes.
"Et certains n’hésitent pas à usurper le titre de guide de haute montagne pour se faire de l’argent". S’ils sont, pour certains, diplômés dans leur pays, leur brevet n’est pas forcément reconnu en France et par l’Union internationale des associations de guides de haute montagne.
"Ces guides, appelés "marron" emmènent alors en toute illégalité des clients en alpinisme, mettant gravement en question leur sécurité" insistent les gendarmes qui parviennent parfois à caractériser cette infraction, grâce à leur contact permanent avec les guides officiels de haute montagne et les gardiens de refuge.