Une zone de plus de 3 000 hectares sur les pentes du Mont-Blanc sera protégée par un arrêté de protection d'habitats naturels qui interdit certaines activités humaines. Le texte doit être signé par la secrétaire d'Etat à la Biodiversité à la préfecture d'Annecy ce jeudi 1er octobre.
C'est un arrêté qui ambitionne de ramener un peu de calme et une certaine protection de la nature sur les pentes du Mont-Blanc où défilent chaque année des milliers d'alpinistes en quête du plus haut sommet d'Europe occidentale. La secrétaire d'Etat chargée de la Biodiversité, Bérangère Abba, se déplace en Haute-Savoie ce jeudi 1er octobre pour constater l'effet du réchauffement climatique sur la faune et la flore en altitude au plan de l'aiguille à 2317 mètres dans le massif du Mont-Blanc.
Mais le point fort de la visite de la secrétaire d'Etat sera la signature dans la foulée en préfecture d'Annecy d'un arrêté portant sur la création d’une zone de protection d’habitats naturels du Mont-Blanc. Une mesure qui vise à mieux réglementer les activités humaines sur les pentes du sommet culminant à 4 809 mètres où des milliers d'alpinistes et de randonneurs affluent chaque été. Le projet avait été annoncé par Emmanuel Macron lors de sa visite à la Mer de Glace le 13 février 2020.
"L'arrêté est conforme à nos attentes. Je suis à l'origine du projet d'arrêté. Le texte en est à sa 21ème version et je n'ai jamais demandé une modification. L'essentiel c'est le fond, par la virgule. Ce mécanisme d'arrêté de protection qui a été permis par la loi de la biodiversité en 2018 permet de protéger le Mont-Blanc de manière plus rapide que la création d'une autre forme de zone de protection naturelle", nous confie Jean-Marc Peillex, le maire de Saint-Gervais, qui dénonce depuis des années des comportements irresponsables sur les pentes du Mont-Blanc.
C'est quoi un arrêté de protection habitat naturel ?
Les arrêtés de protection habitats naturels (APPHN) sont une nouvelle réglementation créée par le ministère de la Transition écologique. Il s'agit d'un arrêté préfectoral qui vise "à protéger spécifiquement des habitats naturels en tant que tels, indépendamment de la présence d’espèces protégées via des mesures réglementaires. Ils permettront ainsi d’assurer une protection efficace de certains milieux rares qui jusqu’à présent ne bénéficiaient pas d’un outil législatif adapté", peut-on lire sur le site web du ministère de la Transition écologique.
Le premier APPHN pris en France métropolitaine a été signé le 12 mars 2020. Il s’agit de l’arrêté portant création d’une zone de protection d’habitat naturel de la source tufeuse de Bousignies-sur-Roc dans le département du Nord.
Pas de bivouac, ni de cueillette de plantes
Concrètement concernant le Mont-Blanc, le périmètre de protection couvre 3.175 hectares, répartis en deux zones. Une zone dite "centrale" réservée à la pratique de l’alpinisme et du ski-alpinisme. Et une zone "de transition" accessible à tous les publics, notamment aux randonneurs mais aussi aux touristes contemplatifs. La zone de protection habitat naturel s'étend sur trois communes : Chamonix, Les Houches et Saint Gervais.
La montée de la voie normale du Mont-Blanc, au-dessus du glacier de Tête-Rousse est située en zone centrale. Il y sera interdit d'y faire du camping, mais aussi de se promener avec un chien. Les alpinistes qui veulent passer une nuit en altitude doivent réserver une place dans un des deux refuges de la voie normale du Mont-Blanc. D’autres règles sont prévues, à l'image de ce qui se fait dans des réserves naturelles ou des parcs nationaux : interdiction de cueillir des plantes, de faire du feu ou d’abandonner des déchets.