Il y a 50 ans, les présidents français et italiens inauguraient le tunnel du Mont-Blanc. Il s’agissait à l’époque du plus long tunnel d’Europe.
Un matin pluvieux de l’été 1965. Nous sommes le 16 juillet et le Général de Gaulle, dont la rumeur a longtemps dit qu’il ne viendrait pas, est bien présent aux côtés de son homologue italien, Giuseppe Saragat, pour inaugurer ce tunnel. Il relie Chamonix au Val d’Aoste, réduisant ainsi le parcours de 60 km. Une histoire veille de 50 ans que viennent raconter une multitude de petites histoires.
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Des petites histoires dans la grande
Le tunnel du Mont-Blanc a certes été inauguré le 16 juillet, mais n’a été ouvert au public que le 19 juillet aux alentours de six heures du matin. 11,6km pour un tunnel du Mont-Blanc qui, contrairement aux idées reçues et aussi à ce que son nom pourrait laisser penser, ne se situe pas sous le Mont-Blanc, mais à l’aplomb exact de l’aiguille du Midi, sous plusieurs milliers de mètres de roches. Un tunnel immense pour l’époque dont les travaux vont durer 46 mois. C’est en 1946 que le chantier de la première galerie a débuté côté italien, sous la houlette de l’ingénieur Dino Lora Totino, mais sans aucune autorisation.
Ce n’est que trois ans plus tard qu’une convention sera officiellement signée entre la France et l’Italie pour son percement. Mais les travaux ne débuteront réellement que 10ans plus tard, en janvier 1959. Près de 1200 tonnes d’explosif seront utilisées pour réaliser pas moins de 400.000 coups de mines. Un million de m3 de roche seront extrait de la montagne, et près de 200.000 cm3 de béton qui seront coulé pour aboutir à la jonction, réalisée en août 1962. Mais les Italiens ont creusé plus qu’ils n’auraient dû. Résultat et en se référant à la frontière entre les deux pays, le tunnel n’est qu’à 1,8km en Italie et à 9,8km en France.
Les travaux monumentaux qui coûteront la vie à 23 ouvriers se poursuivront encore pendant trois ans. Le temps surtout de doter la galerie de toutes les installations nécessaires et d’équiper les deux plateformes d’entrée du tunnel. La prouesse technologique était époustouflante et en près de 50 ans plus tard en Espagne, un programme d’expérimentation a été mené au au tunnel San Pedro de Anes, où 3 millions ont été investis pour la réalisation de tests en vue de recréer une section du tunnel du Mont-Blanc sur 400 mètres.
1999, la catastrophe
Nous sommes le 24 mars 1999. Il est 11heures. Un camion belge s’enfonce dans le tunnel en direction de Parme. Alors à la moitié de l’édifice, de la fumée commence à sortir de son camion. Des appels de phare lui sont lancés. Le conducteur descend de son véhicule. Sa remorque s’embrase. Et puis, c’est l’explosion. 39 personnes sont tuées. Désormais rien ne sera plus jamais pareil.Une enquête âpre de près de cinq longues années s’en suit. Puis un procès, monumental, qui débute en 2005. Plus de 280 parties civiles sont représentées. Il accouche d’une petite sourie. Seul Gérard Roncoli, le responsable français de la sécurité est condamné à six mois de prison ferme.
Depuis, un mémorial dédié aux victimes a vu le jour, rappelant que, même si la sécurité est désormais au cœur de la communication des responsables et qu’un nouveau tunnel équipé apparemment des toutes dernières technologies dans ce domaine a rouvert en 2002, cela n’a pas toujours été le cas.