"On assiste à des chutes de pierres tout au long de la journée et de la nuit" : des guides suspendent l'ascension du mont Blanc par la voie normale à cause des éboulements

Les compagnies des guides de Chamonix et Saint-Gervais ont suspendu temporairement l'ascension du mont Blanc par la voie normale en raison d'importantes chutes de pierres dans le couloir du Goûter. Des conditions climatiques exceptionnelles pour la saison sur le toit de l'Europe.

Fortes chaleurs, éboulements et conditions dangereuses. La voie normale d'accès au mont Blanc est frappée par le climat exceptionnel de ces dernières semaines. Le couloir du Goûter, culminant à plus de 3 000 mètres d'altitude, est un passage clé de cet itinéraire vers le toit de l'Europe. Son ascension est "fortement déconseillée" par les autorités depuis ce mercredi 13 juillet.

Face à ces conditions difficiles, les compagnies des guides de Chamonix et Saint-Gervais (Haute-Savoie) ont décidé de suspendre temporairement l'ascension du mont Blanc par la voie normale. "On a un mois d'avance par rapport aux conditions qu'on a normalement début juillet. La montagne est déjà très sèche. Consécutivement à un hiver où il a peu neigé et un printemps où il a déjà fait chaud, les chutes de pierres au niveau du couloir du Goûter sont déjà importantes", fait savoir Olivier Greber, président de la compagnie des guides de Chamonix.

Cette décision intervient quelques semaines après un record de chaleur inédit au sommet du mont Blanc. Lors du pic d'intensité de la canicule, le 18 juin, 10,4 °C ont été relevés à près de 4 800 mètres d'altitude. Le précédent record, établi en juin 2019, était de 6,8 °C.

"On assiste à des chutes de pierres tout au long de la journée et de la nuit (…) Les conditions sont dangereuses et on déconseille cette ascension temporairement, le temps qu'on revienne à des conditions normales", souligne le lieutenant-colonel Bertrand Host, commandant du peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) de la Haute-Savoie à Chamonix.

Les alpinistes amateurs appelés à "différer leur ascension"

Ce n'est pas la première fois que les guides suspendent l'ascension du mont Blanc. De telles mesures ont déjà été prises sur de courtes périodes en 2018 ou en 2020. Durant la saison estivale, l'annonce ne surprend plus. Les conditions se font de plus en plus difficiles en montagne en raison des chutes de pierres. Le 22 juin, un alpiniste a trouvé la mort dans ces circonstances sous le couloir du Goûter.

"Les scientifiques nous disent, malheureusement, que des phénomènes qui étaient jusque-là relativement exceptionnels, deviennent la norme", ajoute Olivier Greber, soulignant que l'ascension n'est pas interdite. "Il n'y a jamais d'interdiction, bien loin de nous l'idée d'interdire quoi que ce soit. On a simplement estimé que dans les conditions actuelles, il nous paraît opportun de suspendre les ascensions en attendant de voir l'évolution de la situation."

Pour ces raisons, le PGHM tient à envoyer un message "de vigilance et de prudence". "Les alpinistes peuvent accéder au toit de l'Europe. Mais les guides de haute montagne ne seront pas présents sur cet itinéraire donc on aura davantage affaire à des amateurs qui ont potentiellement moins de connaissances sécuritaires dans le domaine de la montagne", constate le commandant du PGHM. La préfecture de Haute-Savoie a elle aussi lancé un appel à la prudence par voie de communiqué, recommandant aux alpinistes "de différer leur ascension momentanément".

Les massifs alpins sont parmi les premières victimes du réchauffement climatique. Les températures y augmentent deux fois plus vite qu'à l'échelle mondiale. Si le sommet du mont Blanc reste épargné par la hausse des températures, les glaciers du massif situés à de plus basses altitudes la subissent de plein fouet. La Mer de Glace, sur les hauteurs de Chamonix, a perdu un kilomètre de longueur sur les 30 dernières années.

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