Les élus de la Communauté de communes du Pays du Mont-Blanc ont rendu public, ce vendredi 19 janvier, les résultats d'une étude réalisée à l'été 2023 sur la présence de dioxyde d'azote, d'ozone et de particules fines dans leurs villes. Résultats : le degré de pollution an altitude est quasiment identique à celui relevé dans la vallée.
Le décor est digne d'une carte postale. Et les skieurs ne s'y trompent pas : chaque année, des milliers de visiteurs retrouvent les sommets enneigés du Mont-Blanc. Mais l’air des montagnes est-il vraiment plus pur ?
La communauté de communes Pays du Mont-Blanc (CCPMB) a dévoilé, vendredi 19 janvier, les premiers résultats d'une étude sur la présence de particules fines, de dioxyde d'azote et d'ozone dans une dizaine de sites de leur collectivité. Le but : "améliorer les connaissances de la qualité de l’air respiré par les habitants de nos communes", précise Jean-Marc Peillex, maire de Saint-Gervais-les-Bains et président de la CCPMB.
De 590 à 1 840 mètres d'altitude
Entre juin et août 2023, à la demande des communes de la CCPMB, des chercheurs du Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement (Cerema) ont réalisé des prélèvements sur les côteaux de la vallée et les villages en moyenne montagne et dans les vallées secondaires. Les sites haut-savoyards de mesure, dix au total, sont situés entre 590 mètres et 1 840 mètres d'altitude, du Plateau d'Assy à Saint-Gervais, en passant par la télécabine du Jaillet à Megève.
Bilan des courses : "où que l'on soit, la pollution est inévitable", explique Jean-Marc Peillex, maire de Saint-Gervais-les-Bains et président de la CCPMB. En cause, entre autres, l'érosion des sols et le passage de routes. Même si l'air est "un peu plus pur" en montagne, les zones en altitude sont elles aussi touchées par les particules fines.
Seul le site du Mont d'Arbois présente des relevés plus élevés, certainement perturbés par "deux chantiers de rénovation de restaurants d'altitude et le va-et-vient des camions sur des chemins en terre".
Respect des normes françaises et internationales
"Ces résultats tordent un peu le cou aux idées reçues qui voudraient qu'en haut des montagnes on échappe à la pollution, et que la vallée y soit plus exposée." Toutefois, pas de panique. "Quel que soit le site", les niveaux de particules "respectent" les normes fixées par la réglementation française et par les recommandations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Autre point intéressant soulevé par l'étude : sur cinq sites utilisés pour les mesures, les chercheurs du Cerema ont déterminé la composition des particules fines détectées. "Elles sont soit biogéniques, minérales ou métalliques. Pour faire simple, certaines proviennent de l'usure ou de la poussière des pneus, d'autres sont liées au pollen ou à la poussière de la terre."
La vallée de l'Arve est fréquemment épinglée pour des pics de pollution de l'air, liés notamment à la présence humaine. Si à l'année la Communauté de communes Pays du Mont-Blanc recense 150 000 habitants permanents, sa population se démultiplie à partir de l'automne. Pour la saison de ski 2022-2023, l'Observatoire touristique de la CCPMB a enregistré 3,26 millions de nuitées. Un chiffre en hausse par rapport aux années précédentes.
Une deuxième vague de prélèvements à venir
Une deuxième vague de prélèvement est en cours et devrait se poursuivre jusqu'au 15 février 2024. Durant l'hiver, d'autres facteurs tels que "le chauffage au bois ou au fioul" ,"l'inversion des températures" ou "la surfréquentation des routes" augmentent la présence de polluants. "Pendant plusieurs semaines, une couche de pollution se forme et reste clouée au sol", avance Jean-Marc Peillex.
Les chercheurs du Cerema devraient réitérer l'opération à l'été 2024 et à l'hiver 2025. "Une année ne suffit pas pour tirer des conclusions", indique le maire de Saint-Gervais. À terme, les maires de la CCPMB devraient mettre en place une série de mesures permettant de limiter la quantité de particules "les plus dangereuses pour la santé humaine".