Les saisons se suivent et ne ressemblent pas pour les Secours en montagne dans les Alpes. Contrairement à certaines idées reçues, l'été n'est jamais plus tranquille que l'hiver. Cette année bat des records. Effet rebond ou non du confinement ? De nombreux touristes ont fréquenté nos sommets.
Immanquablement, la pandémie du Covid 19 n'est pas étrangère au phénomène. Confinement puis déconfinement, restriction des déplacements en France, et à l'étranger, envie de nature, les touristes, les randonneurs, les skieurs, bref, tous les pratiquants d'activités de plein air et d'altitude étaient plus nombreux, cet été, à fréquenter la montagne.
Dans le lot, des vacanciers pas toujours bien préparés, engourdis parfois par des mois d'inactivité, ou connaissant mal le terrain sur lequel ils s'aventuraient.
Résultat, des Secours sur le qui-vive, et en intervention plus souvent qu'à leur tour. La CRS Alpes par exemple a multiplié les sorties, souvent pour des cas bénins, souvent avec l'hélicoptère, plus rapide, comme ce mercredi 26 août, où une alerte leur parvient du Charmant Som en Chartreuse, pour un blessé. C'est l'hélicoptère, médicalisé, de l'Alpe-d'Huez qui les embarquera sur le site.
"On en est à plus de 300 interventions pour l'instant,c'est quasiment le double par rapport à l'été dernier, c'est marquant cette saison", indique le capitaine Laurent Jaunatre qui précise "ce sont souvent des blessures bégnines, mais on ne sait jamais, la situation peut vite tourner au vinaigre, et les accidents ont lieu dans des sites difficiles d'accès".
La semaine du 15 août, les équipes de la CRS Alpes ont réalisé près de 60 secours, du jamais vu !... Des interventions gratuites pour les personnes secourues, mais qui coûtent près de huit mille euros à chaque sortie.
Chaque sortie engage du matériel, mais aussi des vies : " Chaque secours est risqué, l'hélicoptère c'est une machine, qui peut tomber, on ne cesse de faire la balance bénéfice-risque, le terrain sur lequel on évolue est risqué, souligne Jean-Baptiste Bois, brigadier chef de poste à la CRS, qui garde toujours à l'esprit le souvenir douloureux de la mort d'un des leurs, en intervention, l'automne dernier.
Dans les postes de secours des PGHM, qui assurent en alternance les permanences avec Les CRS Montagne, on a aussi enregistré la multiplication des accidents, même s'ils ne cessent de rappeler les consignes élémentaires de sécurité.
Les opérations de secours se succèdent ces jours-ci. Que ce soit en VTT, randonnée pédestre ou tout autre activité de montagne, restez prudents et partez bien équipés
Publiée par PGHM Isère 38 sur Mardi 18 août 2020
"Des conditions parfois extrêmes, même en été"
La multiplication des accidents concerne cette année tous les massifs, sur les trois départements. En très haute montagne aussi, ils se sont multipliés, d'autant que les conditions géologiques et météorologiques ont changé, avec le réchauffement climatique, provoquant des chutes de pierres, dans des voies auparavant plus épargnées.
Les orages par ailleurs, en cet été aux températures caniculaires, ont été violents. Impossible pour l'hélico, c'est en caravane, à pied, que les secours décident d'intervenir. A l'image de ce secours exceptionnel, réalisé le 21 juillet dernier par le PGHM de Chamonix.
"Alors qu'ils rentraient d'une caravane terrestre au Mont Maudit déjà éprouvante, les « gars du PG » se sont lancés au secours d'une cordée de deux alpinistes britanniques qui venait de passer cinq jours dans la montagne, pour réaliser « l'intégrale de Peuterey ». L'un deux a chuté en crevasse, mais en est ressorti. Il souffre de l'altitude, le fameux « Mal aigu des Montagnes ». Il n'avance plus et délire. La cordée se trouve au Mont-Blanc de Courmayeur, à 4 750 mètres d'altitude ! Les orages arrivent. Si rien n'est fait, une nuit de plus en haute altitude serait fatale", témoigne Fred chef de la caravane terrestre sur la page facebook du PGHM. Un récit rare...