"Un vrai signe d'émancipation féminine" : une cordée d'alpinistes italiennes et pakistanaises en route pour l'ascension du K2

Quatre Italiennes et quatre Pakistanaises sont engagées dans un projet d'ascension du K2, deuxième plus haute montagne du monde, pour porter le combat de la parité homme-femme. Des objectifs scientifiques font aussi partie de l'expédition, qui a lieu 70 ans après la première ascension de la montagne himalayenne.

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C'est une cordée aux joues bien rouges qui revient au refuge Torino, situé dans le massif du Mont-Blanc à 3 375 mètres d'altitude, après une matinée passée à avancer péniblement dans la neige et le vent sous la dent du Géant.

Le thermomètre affiche -14 degrés. Un avant-goût de ce qui attend les huit femmes alpinistes - quatre Italiennes et quatre Pakistanaises - dès le 15 juin prochain, date de leur arrivée au pays du deuxième sommet le plus haut du monde : le K2.

Il y a 70 ans, des Italiens au sommet du K2

Un sommet mythique pour les alpinistes du monde entier avec ses 8 611 mètres d'altitude. Et plus encore chez nos voisins transalpins, depuis la première ascension victorieuse de son sommet en 1954 par Lino Lacedelli et Achille Compagnoni. De l'autre côté des Alpes, le K2 reste, dans l'histoire, "la montagne des Italiens".

Soixante-dix ans après cet exploit, il fallait au Club Alpin Italien (CAI), organisateur de la première ascension, une commémoration à la hauteur de l'événement. "C'était l'occasion de donner de l'importance au rôle des femmes dans l'alpinisme", expliquait quelques jours plus tôt, Antonio Montani, président général du CAI lors d'une conférence de presse. "Et puis, le faire conjointement avec un pays de l'islam comme le Pakistan, où la place de la femme a grand besoin d'être reconnue, a été un stimulant supplémentaire."

"Choisir une expédition entièrement féminine pour reprendre la trace de l'exploit de 1954, c'est donner de l'espace et de la visibilité à des femmes pakistanaises qui veulent désormais s'occuper, elles aussi, de leurs montagnes", concluait Agostino Da Polenza, le coordinateur de cette cordée, et unique homme de l'organisation mise sur pied par le CAI.

Place aux femmes 70 ans après

Pour le reste, des alpinistes, (Federica Mingolla, Silvia Loreggian, Anna Torretta et Cristina Piolini pour l'Italie et Samina Baig, Amina Bano, Nadeema Sahar, Samana Rahim pour le Pakistan), jusqu'au médecin, (Lorenza Pratali, chargée notamment d'effectuer des relevés scientifiques pendant l'ascension), cette expédition du 70e anniversaire se conjuguera entièrement au féminin. 

Un collectif choisi, pas seulement pour son genre, mais avant tout pour ses compétences. Si les Italiennes sont toutes des alpinistes et guides de haute montagne accomplies, elles pourront compter sur des qualités similaires chez leurs compagnes de cordée pakistanaises.

"Elles sont très fortes en montagne", a expliqué Anna Torretta au journal valdôtain Aosta Sera. "D'abord, parce qu'elles vivent toutes à 3 000 mètres d'altitude. Et techniquement, si elles ont quelques lacunes, elles sont très vives d'esprit et apprennent très vite. Je reste convaincue qu'avec un groupe constitué uniquement de femmes, on réussira plus facilement à dépasser nos limites mentales que dans une cordée mixte".

Un esprit de cohésion revendiqué également les alpinistes pakistanaises, qui y ajoutent un message plus général sur la condition féminine : "Avec cette expédition, nous allons envoyer un signal fort", espère pour sa part Samina Baig, l'alpiniste plus expérimenté du groupe, avec une première ascension réussie du K2 à son actif. "Nous allons prouver que les femmes sont fortes. Qu'elles ont le pouvoir d'atteindre n'importe quel objectif. Pour moi, c'est essentiel de faire partie de cette cordée qui constitue un vrai signe d'émancipation féminine.

Une ascension mythique et de la science

Après l'entraînement physique dans le massif du Mont-Blanc, c'est la partie scientifique de l'expédition que les huit jeunes femmes vont préparer jusqu'au 24 mars dans les Dolomites. Au centre de recherche de la médecine de montagne de Bolzano plus précisément. Tout au long de l'expédition, des tests permettront d'évaluer la réponse de leur organisme à l'effort gigantesque nécessité par l'ascension d'une montagne réputée plus difficile encore que l'Everest.

Ce projet dénommé "K2-70" s'inscrit également dans le cadre de l'étude internationale "Ice Memory" : "L'objectif est d'étudier pour la première fois, la neige et la glace de cette région cruciale pour les équilibres climatiques du sous-continent indien", explique-t-on dans une note de la fondation "Université Ca' Foscani" de Venise, partenaire du projet.

Enfin, dans le cadre de la coopération Italie-Pakistan, cette expédition sera également l'occasion d'engager des actions de solidarité. À travers un programme de formation, il s'agira de favoriser le rapprochement des populations locales avec les activités professionnelles liées à l'alpinisme.

Départ prévu pour Islamabad le 15 juin. L'arrivée au camp de base devrait avoir lieu autour du 29 juin pour une tentative d'ascension au sommet du K2 aux alentours du 31 juillet, date anniversaire de l'expédition italienne victorieuse en 1954.

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