Pour la première fois en 21 éditions, douze coureurs en situation de handicap participent aux différentes courses de l'UTMB grâce à une nouvelle politique d'accessibilité. Deux d'entre eux sont alignés sur la course reine de l'Ultra-trail du Mont-Blanc, longue de 176 km.
En plein Jeux paralympiques de Paris 2024, douze athlètes en situation de handicap ont choisi les sentiers de Chamonix pour porter haut des messages en faveur de l'accessibilité. Pour la première fois en 21 éditions, une équipe de coureurs avec différents handicaps s'est alignée sur les diverses courses de l'Ultra-trail du Mont-Blanc.
Deux d'entre eux participent à l'épreuve reine de l'UTMB, un parcours de 176 km et près de 10 000 mètres de dénivelé positif autour du Mont-Blanc. "Il y a l'Américaine Amy Palmiero qui est amputée tibiale et Guillaume Pick qui est sourd. Il a donc un handicap invisible, mais c'est important d'en parler", raconte Boris Ghirardi, alias "Pied de robot" sur les réseaux sociaux, à l'initiative de ce projet avec la direction de la course.
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"On pourrait se dire que pour Guillaume Pick, tout va fonctionner. Mais, en fait, non. Il y a des problèmes d'équilibre, notamment lorsqu'il va courir de nuit. Ca va être très dur. Et dans ces moments-là, il ne va pas pouvoir forcément communiquer. C'est une sorte de repli sur soi et il va devoir faire un travail intérieur dans des moments de sa course", poursuit-il.
Des aménagements mis en place
En décembre dernier, le groupe UTMB avait choisi de lancer une nouvelle politique concernant les coureurs en situation de handicap afin de favoriser leur accès à toutes les courses du circuit international. L'accessibilité des courses a été facilitée et un cahier de formation pédagogique pour les bénévoles et les directeurs de course a vu le jour.
"Cette politique vient faciliter la logistique ainsi que la prise en charge émotionnelle pour que leur handicap ne soit pas un frein et qu'ils soient le plus possible dans les mêmes conditions que les athlètes sans handicap", avait alors expliqué Isabelle Viseux-Poletti à nos confrères de L'Equipe.
"A nous d'être au niveau de la course"
Ce jeudi, sur les coups de 19 heures, les rues de Chamonix ont vibré au moment de l'arrivée de Jonathan, seul coureur en joëlette de l'UTMB. Avec son équipe de 26 coureurs de l'association "Trail sans limites", ils sont venus à bout de l'OCC : une course de 57 km et 3 500 mètres de dénivelé positif en un peu plus de 11 heures.
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Le bonheur a été immense et les cris de joie ont même couvert une partie de la remise des prix de la course, à quelques mètres de là. Une leçon d'humanité pour Boris Ghirardi : "On n'est pas des super-héros. On est des sportifs, des athlètes, on s'entraîne très fort pour pouvoir faire de la performance. Le seul super-pouvoir que l'on pourrait avoir, c'est l'adaptabilité. Mais ça, tous les humains peuvent l'avoir."
Une fois le départ donné, les conditions de course sont alors toutes les mêmes pour les coureurs, qu'ils soient en situation de handicap ou non : "On souhaite être considérés comme n'importe quel athlète. On veut faire partie de la fête. On veut être au milieu du départ quand le speaker va commencer à parler, quand la musique va se faire entendre... On ne veut pas d'aménagement, on veut parcourir les mêmes sentiers avec les mêmes barrières horaires. À nous d'être au niveau de la course."
L'UTMB n'en est pas à son coup d'essai pour permettre au plus grand nombre de coureurs de s'aligner sur les sentiers. La direction avait déjà dévoilé une nouvelle politique de grossesse l'année dernière.