Quatre jeunes pygargues à queue blanche, des aigles pêcheurs disparus de France il y a 130 ans, ont été relâchés avec succès depuis un parc zoologique de Haute-Savoie cet été. Une méthode de réintroduction totalement inédite et déjà couronnée de succès.
Après avoir disparu pendant plus d'un siècle, le pygargue à queue blanche s’empare à nouveau du ciel des Alpes. C’est le cas de Haute-Savoie, l’une des ambassadrices de son espèce. Ce jeune aigle pêcheur - baptisé du nom du conseil départemental, mécène du programme de réintroduction - mesure 2,5 mètres d’envergure et pèse environ 6 kg. "Elle aime bien se percher sur les grands arbres en lisière", observe Jacques-Olivier Travers, le fondateur du parc animalier et centre de réintroduction des Aigles du Léman.
Pendant 15 ans, il s’est battu pour réintroduire le pygargue, espèce éradiquée de France il y a 130 ans. Le voici récompensé avec les premiers vols de ses aiglons. "Pour moi, c'est le plus bel oiseau du monde, mais je ne suis pas objectif. Les voir voler ici, à Sciez, où ils volaient il y a 130 ans avant de disparaître pendant tant d'années, je trouve que ça a enrichi la biodiversité d'une manière incroyable. Ca me fait oublier toutes les galères, ces 15 années à se battre. Tous les jours, ils nous font des cadeaux incroyables", se réjouit le fauconnier.
Un vol inédit de 350 km
Comme trois autres aiglons, Haute-Savoie est née à Sciez, dans les volières du centre de réintroduction de Jacques-Olivier Travers. Toutes ont été ouvertes il y a quelques jours pour laisser les pygargues prendre leur liberté. Son programme de réintroduction, totalement inédit, est aujourd’hui couronné de succès.
Un jeune pygargue à queue blanche réintroduit le 12 août dernier a fait un vol de 350 kilomètres en deux jours, de la Haute-Savoie à l’Ain en passant par le Jura, Oyonnax et Genève, avant de revenir à son point de départ. Tout ce périple a été reconstitué grâce aux balises GPS installées sur le dos de l’oiseau.
"C’est impossible qu’il ait mémorisé visuellement l’endroit où il est né. Ca veut dire qu’il y a quelque chose dans sa tête, ou peut-être des champs magnétiques, qui leur permettent de partir et de savoir se repérer pour revenir", Jacques-Olivier Travers.
Après une journée de pause, le champion a pris la direction de la Suisse. Un vol spectaculaire, porté par les thermiques, jusqu’à 3 000 mètres d’altitude. D’ici à dix ans, 85 jeunes pygargues seront ainsi réintroduits au bord du Léman.