Le nombre de patients à tester explose depuis le déconfinement. En Haute-Savoie, l'un des berceaux du coronavirus en France, les laboratoires pratiquent de plus en plus de dépistages. Mais il ne semble pas y avoir plus de cas positifs pour autant.
Prise de rendez-vous, prélèvements par centaines, appels de patients inquiets, envoi des résultats... En Haute-Savoie, les laboratoires de biologie médicale sont "un petit peu débordés" depuis le déconfinement. Ils doivent faire face à un afflux de patients venus effectuer des dépistages du Covid-19 et, en parallèle, reprendre leur activité classique.
"On a une grosse recrudescence d'activité", note le Dr Morgane Le Parc, biologiste médicale et référente du laboratoire Bio-Val à Rumilly. Sur ce site, les dépistages Covid se font sur un système de "drive" : les patients ne sortent pas de leur voiture tandis qu'un médecin leur pratique un test PCR. Ce mode de dépistage, le plus utilisé en France depuis le début de la crise du coronavirus, consiste à introduire un écouvillon dans le nez du patient pour savoir s'il est proteur du virus.
Si le nombre de tests pratiqués y est en forte hausse, il n'y a "pas plus de cas positifs qu'avant", nuance le Dr Le Parc. "Mais nous sommes encore très peu de temps après le déconfinement, il faut voir comment cela évolue la semaine prochaine." La Haute-Savoie a été l'un des premiers départements français touchés par le Covid-19. Un foyer épidémique s'est d'abord déclaré à La Balme-de-Sillingy en février et, dimanche 17 mai, l'Agence régionale de santé (ARS) annonçait la découverte d'un nouveau foyer à Annecy.
"Les gens veulent être testés, même s'ils n'ont pas tous les symptômes"
"Dès qu'un patient a un petit mal de gorge, de la toux, de la fièvre ou l'un des symptômes du Covid, les médecins n'hésitent pas à prescrire un test", ajoute le Dr Saad Sentissi, co-directeur du laboratoire Mirialis à Bons-en-Chablais. Résultat : là aussi, dans un secteur jusqu'ici épargné par le virus, le nombre de tests grimpe en flèche.
Le laboratoire Mirialis, qui compte 26 sites de biologie médicale en Haute-Savoie et dans l'Ain, pratique environ "300 tests par jour", selon son président, François Arpin. C'est jusqu'à six fois plus que pendant le confinement. Malgré cette augmentation, la proportion de personnes infectées "ne dépasse pas les 1%". Sur l'ensemble des tests pratiqués depuis le début de la semaine, 9 cas positifs ont été décelés.
"Les gens veulent être testés, même s'ils n'ont pas tous les symptômes, on reçoit énormément de coups de téléphone", reprend le Dr Sentissi. Et c'est l'un des problèmes rencontrés par les laboratoires depuis le déconfinement. Nombre d'entre eux disent recevoir des appels de patients souhaitant se faire dépister. "Mais les prélèvements se font sur rendez-vous et surtout, sur prescription médicale", rappelle le Dr Morgane Le Parc. Inutile d'appeler un laboratoire sans passer par son médecin traitant au préalable, celui-ci ne pourra rien faire sans ordonnance.
Jusqu'à 80 000 tests par semaine en Auvergne-Rhône-Alpes
En Auvergne-Rhône-Alpes, plus de 300 sites de prélèvements sont actuellement opérationnels selon l'ARS qui a établi une carte interactive les répertoriant tous. "Il est également possible de prendre contact par téléphone avec un cabinet d'infirmiers ou de médecins libéraux (...) ; ces professionnels sont habilités à réaliser ce type de prélèvement, y compris à domicile", ajoutent les autorités sanitaires.
"L'objectif, c'est que toutes les personnes qui ont besoin d'être dépistées aient pu l'être", a rappelé le ministère de la Santé, c'est-à-dire l'ensemble des patients présentant des symptômes évoquant la maladie Covid, les personnes ayant été en contact rapproché avec les cas confirmés mais aussi certains Ehpad. Moins de deux semaines après le déconfinement, le gouvernement maintient son objectif de pouvoir monter, si besoin, à 700 000 tests par semaine. En Auvergne-Rhône-Alpes, la capacité d’analyses est estimée à environ 80 000 tests par semaine, sous réserve de disposer du matériel nécessaire.