Grâce à une convention signée par les hôpitaux de chaque côté de la frontière, des patients italiens de l'hôpital d'Aoste pourront venir se faire opérer à Sallanches. Dès le mois de mars, entre un et quatre patients valdôtains pourraient chaque mois être opérés dans les services de chirurgie générale et digestives.
"A l'hôpital d'Aoste, depuis 2019 et la crise du Covid, on évolue un peu sans oxygène", explique Joël Da Broi, chargé de projets à l'hôpital régional Umberto Parini d'Aoste, en Italie.
Pendant la pandémie, le seul hôpital de la petite région francophone n'arrivait plus à faire face avec des longues listes de patients à opérer qui s'allongeaient. Ses personnels hospitaliers éreintés ou écœurés par les cadences infernales imposées par la crise.
Des transferts pour des actes chirurgicaux ciblés
"On tourne actuellement avec à peine la moitié de notre potentiel de soignants", explique encore l'ex-chirurgien. En conséquence de quoi, on est obligé de prioriser nos interventions. Pour des opérations de la vésicule biliaire ou pour enlever des kystes sacrococcygiens par exemple, on a peut-être encore une centaine de patients qui attendent d'être opérés depuis 2019."
D'où le ciblage de la convention signée mi-janvier entre les hôpitaux des deux côtés du Mont-Blanc concernant les chirurgies viscérales. "Nous aussi nous avons des agendas bien remplis", explique de son côté Marianne Favier, la responsable communication des HPMB (Hôpitaux des Pays du Mont-Blanc) qui regroupent l'hôpital de Sallanches, son antenne de Chamonix, le Médipole de Cluses et les 2 EHPAD de la vallée.
"Lorsque nous avons été sollicités par nos homologues italiens, on savait bien que l'on ne pouvait pas se permettre d'accueillir des dizaines de patients envoyés par leurs services. Le transfert chez nous de 1 à 4 patients par mois, pour des pathologies bénignes, en revanche, peut représenter une belle opportunité d'augmenter l'attractivité des HPMB".
Un premier pas vers une collaboration plus poussée
Si l'objectif premier de l'hôpital d'Aoste est de dégonfler ses listes de patients en attente d'opérations, côté haut-savoyard, on compte sur ce projet d'envergure européenne pour mobiliser les personnels de ses établissements... et peut-être recruter les médecins et soignants qui manquent à l'appel. "On subit la même crise de recrutement que partout en France, mais aggravée encore par la concurrence des hôpitaux de la Suisse voisine où les salaires sont plus élevés," constate-t-on encore du côté français du Mont-Blanc. "Pour garder un hôpital vivant, une collaboration comme celle-là peut donner davantage envie de venir travailler dans notre vallée."
"D'autant que c'est un premier pas", explique de son côté Joël Da Broi. "On s'était d'abord naturellement tourné vers notre grand voisin piémontais pour trouver de l'aide (en Italie, les services de santé dépendent directement de chaque région, ndlr). Alors, il a fallu trouver les bonnes pratiques administratives pour obtenir les dérogations qui permettront à nos patients d'être remboursés, à quelques euros près, dans les mêmes conditions que pour une hospitalisation en Italie. [...] Vu le très bon accueil que l'on a reçu en France, et la signature de cette convention, c'est une vraie petite filière d'échanges de compétences que l'on peut mettre en place à l'avenir."
La convention signée en ce début d'année prévoit d'ailleurs de s'appuyer sur un programme européen "Alcotra" pour élargir la collaboration entre les deux hôpitaux à la formation de leurs personnels et d'autres transferts de patients, toujours sur la base du volontariat.