Pour faire face aux nombreux mineurs qui tentent de se fournir en tabac ou en jeux d'argent, des buralistes de Besançon dans le Doubs ont commencé à s'équiper en intelligence artificielle, afin de mieux identifier l'âge de leurs clients.
Qui n'a jamais été tenté d'acheter des produits réservés aux majeurs lorsqu'il était en enfant ou adolescent ? En-tout-cas, cela est devenu un peu plus compliqué à Besançon (Doubs), où trois buralistes ont commencé à s'équiper en IA (intelligence Artificielle) pour mieux identifier les clients mineurs qui tenteraient de leur acheter du tabac, de l'alcool ou encore des jeux à gratter.
Le principe : une petite caméra qui vient scanner les visages et les comparer à une banque de données, en se basant par exemple sur les micro-rides. Il ne s'agit donc de reconnaissance faciale à proprement parler, mais de probabilités. Les buralistes sont en revanche obligés d'informer les clients de la présence d'un tel dispositif dans leur commerce.
Gain de temps
Cédric Grendene, membre du syndicat des buralistes du Doubs, est jusqu'ici conquis par cet outil, commercialisé par une société anglaise implantée en Savoie. "On en parlait depuis un moment lors de nos réunions, puis une société m'a présenté ce système au salon Losangexpo", explique-t-il, au micro de notre journaliste Laurent Ducrozet.
"J'ai de suite été convaincu, car je suis lassé de devoir me battre avec les gens pour qu'ils me présentent une pièce d'identité lorsque, visuellement, ils n'ont pas vraiment l'air d'avoir 18 ans, poursuit-il. Certains me disent que ça se voit, mais pas toujours en réalité... Et jusqu'ici, l'appareil ne s'est pas trompé." En cas de contrôle, de la part de la FDJ (Française Des Jeux) par exemple, les buralistes s'exposent à des fortes amendes en cas de vente de produits prohibés à des mineurs.
Ça coûte certes 500 €, mais ça permet de clore rapidement les débats sur l'âge et de gagner pas mal de temps.
Cédric Grendene, buraliste à Besançon
Une fois que la caméra a scanné le visage du client, si la lumière verte s'allume, c'est qu'il est majeur. Si c'est la rouge, c'est qu'il y a un doute, auquel cas le buraliste demande au consommateur de prouver son âge. "C'est très fréquent que des mineurs cherchent à jouer ou à acheter du tabac, surtout au moment de la rentrée des classes, lorsque les nouveaux jeunes arrivent, relate le buraliste. Certains sont grands ou ont déjà du poil au menton, ce qui fait qu'on pouvait parfois se tromper avant."
Un outil sans faille ?
"On n’enregistre rien, c'est vraiment une reconnaissance qui se fait à l'instant T, aucune sauvegarde n'est faite", rassure le buraliste, face aux clients qui pourraient être intimidés par cette petite caméra, au vu de la protection de leurs données personnelles.
"C'est vrai qu'on peut quand même avoir peur pour notre vie privée lorsqu'on est filmé constamment, il peut toujours y avoir des dérives", rappelle un passant, mineur. "Même si ça peut dissuader certains mineurs, on ne pourra jamais empêcher des majeurs d'acheter pour eux à leur place", relativise un autre.
Selon franceinfo, en novembre 2024, au moins 200 bureaux de tabac étaient équipés de ces dispositifs.