Un nouvel éboulement spectaculaire a eu lieu ce samedi 5 septembre, sur la voie normale des Drus, dans le Massif du Mont-Blanc. La répétition de ces phénomènes interpelle toujours autant les scientifiques et les guides.
La voie normale des Drus a été le théâtre d'un nouvel éboulement samedi 5 septembre. Un phénomène dû une fois de plus à la fonte du permafrost, cette glace qui cimente les parois.
"Le permafrost dont on parle de plus en plus a tendance à se dégrader, de plus en plus profondément. Donc il est presque normal finalement en fin de saison qu'on assiste à un certain nombre de phénomènes de ce type, explique Ludovic Ravanel, géomorphologue et chercheur au laboratoire Edytem. On peut même s'attendre à la fin de l'été/début d'automne, à une fréquence plus faible mais par contre des volumes plus importants que ce qu'on a eu aux Drus."
Dans un tweet, un internaute poste une vidéo de l'éboulement qui a eu lieu aux Drus.
Encore de nombreux éboulements signalés aujourd'hui dans plusieurs secteurs du massif du #MontBlanc comme ici du côté de la voie normale des Drus près du refuge de la Charpoua... Vidéo : Soren Rickards via Facebook. #Alpes #HauteSavoie pic.twitter.com/9P4bcMkIGX
— Florentin Cayrouse (@FloC36) September 5, 2020
Un sommet mythique profondément modifié en 2005
Bonatti, Desmaisons, Destivelle, Lafaille, etc. Tous les grands alpinistes ont forgé la légende des Drus. Un sommet mythique déjà profondément modifié en 2005 avec l'effondrement du pilier Bonatti dont la cicatrice reste visible des années après sur la face sud-ouest du Petit Dru.
Puis en 2011, 260.000 mètres cubes se détachent.
Depuis, guides et alpinistes se méfient et s'adaptent au réchauffement climatique. "Le glacier, pour aller à cette voie normale, n'est plus vraiment en condition, constate Olivier Gréber, président de la Compagnie des Guides de Chamonix. La saison a tendance à se décaler vers mai/juin plutôt que sur la deuxième partie du mois d'août".
La multiplication des éboulements dans les Alpes est une conséquence directe des canicules à répétition. "On a eu ça en 2015, en 2017, en 2018, en 2019, explique Ludovic Ravanel. Cette année, l'épisode très chaud a été relativement court. Néanmoins, il participe à la dégradation globale de la montagne." D'autres éboulements sont donc possibles, malgré l'arrivée imminente de l'automne. Car cet été encore, les parois du Massif ont emmagasiné beaucoup de chaleur.