L'annonce par la Banque Nationale Suisse (BNS) de ne plus intervenir sur les marchés fait le bonheur des frontaliers travaillant en Suisse, dont le pouvoir d'achat dans la zone euro a bondi de près de 30% en quelques minutes ce jeudi 15 janvier.
"J'ai entendu la nouvelle ce matin, je suis si contente! Je suis frontalière et vais changer mes francs pour des euros. C'est Noël qui continue!", s'exclame Vanessa qui traverse tous les jours la frontière française pour venir travailler à Genève. Attendant depuis plusieurs minutes dans une queue d'une vingtaine de mètres sortant d'un bureau de change de la rue du Mont Blanc, en face de la gare de Genève, cette aide-soignante de 28 ans hésitait encore "à changer toutes ses économies de francs suisses pour des euros".
Quelque 280.000 frontaliers travaillent en Suisse. La moitié d'entre eux, soit 140.000 habitent en France. Ces milliers de frontaliers sont les grands gagnants indirects de la décision de la BNS. En charge de la politique monétaire du pays, la Banque Nationale Suisse a annoncé que le taux plancher du franc suisse, fixé il y a 3 ans à 1,20 CHF pour 1 euro, était abandonné, ce qui a provoqué un séisme sur les marchés boursiers et des devises. Pour acheter désormais de l'euro avec des francs suisses, il ne faut débourser plus que 1,04 franc suisse pour 1 euro.
Certains experts d'UBS estiment que cette mesure va réduire de 5 milliards de francs suisses les exportations suisses. La croissance de la Suisse devrait également être affectée, selon eux, avec un recul estimé à 0,7 point de pourcentage.Payés en francs suisses, ils dépensent en euros
Petite démonstration pour expliquer ce brusque changement dans le pouvoir d'achat des frontaliers. Il s'agit de travailleurs qui sont payer en francs suisses mais qui dépensent en France en euros. Jusqu'à présent pour avoir 100 euros, ils devaient dépenser 120 francs suisses. Aujourd'hui, il ne leur faut plus que 104 francs suisses pour avoir 100 euros. D'où le gain.