A Vétraz-Monthoux (Haute-Savoie), un restaurateur s'est proposé pour accueillir des basketteuses professionnelles ukrainiennes. Les neuf joueuses et leur entraineur fuient leur pays et les bombardements de l'armée russe. Sur les réseaux sociaux, le restaurateur lance un appel aux dons pour héberger les dix réfugiés dans de bonnes conditions.
Carmelo D'Agostino est un restaurateur italien, arrivé en France en 2013. En 2018, il a ouvert une pizzeria à Vétraz-Monthoux, près d'Annemasse, en Haute-Savoie.
A priori, il n'a aucun lien avec l'équipe féminine du club de basket d'Ivano-Frankivsk, qui joue dans la Superleague ukrainienne. Pourtant, leurs destins sont sur le point de se croiser. Et c'est la guerre en Ukraine qui en est à l'origine.
En ce dimanche 27 février, plus de 100 000 Ukrainiens ont déjà fui leur pays. Les neuf basketteuses et leur entraîneur sont en train de faire de même. Carmelo D'Agostino s'est proposé pour les héberger pendant 3 mois, en Haute-Savoie.
"Ca ne m'intéresse pas de savoir qui a raison entre Poutine et Zelensky"
Il se trouve que les joueuses ukrainiennes se sont déjà rendues dans le département voisin, en Isère. Depuis 2017, elles viennent chaque année participer au "Big twelve international 3x3 tournament for national team", qui se déroule à Voiron. C'est à cette occasion qu'elles ont rencontré Elena, une amie russe de Carmelo qui vit en Isère.
Carmelo, lui, n'en revient pas devant sa télévision quand il apprend que la guerre éclate en Ukraine. "Je voulais absolument faire quelque chose, martèle-t-il. Ca ne m'intéresse pas de savoir qui a raison entre Poutine et Zelensky. Ce qui m'intéresse, ce sont les Ukrainiens qui sont dans le besoin. Et moi, j'ai la chance d'avoir une bonne situation."
Le restaurateur a cherché comment il pouvait aider. Il a publié un message sur les réseaux sociaux, et notamment sur le groupe Facebook de l'association des étudiants ukrainiens en France.
Il en parle également autour de lui et, de fil en aiguille, son amie russe Elena le met en relation avec l'entraîneur de l'équipe d'Ukraine féminine de basket-ball. "J'ai acheté un local car je prévois de faire un deuxième restaurant. Et comme je ne peux pas l'utiliser avant 2 ou 3 mois, je me suis proposé pour les accueillir", explique le restaurateur, qui avait concocté des pizzas pour le personnel soignant durant le premier confinement. Il se dit même prêt à les embaucher dans son nouveau restaurant.
Appel aux dons
Petit problème : le local est totalement vide pour le moment. C'est pourquoi il a lancé un appel aux dons sur la page Facebook de son restaurant : "Toute personne pouvant aider à fournir des lits, draps, couvertures, vêtements, etc. Olga, Anastasia, Anna, Maria, Katerina, Veronica, Anastasia, Pasiko, Olena, Irina et Yuri vous remercient d’avance".
Un périple à travers l'Europe
Après avoir réussi à passer la frontière entre l'Ukraine et la Roumanie dimanche 27 février dans la soirée, les neuf joueuses ukrainiennes ont réussi à emprunter un véhicule pour traverser la Roumanie, la Hongrie et la Slovaquie. Ce lundi 28 février à la mi-journée, elles sont parvenues à atteindre Varsovie, la capitale de la Pologne. Elles cherchent actuellement un autre véhicule pour poursuivre leur périple vers la Haute-Savoie.
En âge de combattre, l'entraîneur a lui été interdit, pour le moment, de quitter le territoire ukrainien mais tente de trouver une solution pour rejoindre la France au plus vite. Carmelo espère que les dix réfugiés parviendront à rejoindre la Haute-Savoie "avant la fin de la semaine".