Le président de la Fédération des Syndicats Pharmaceutiques de France en Haute-Savoie, fait part du ras-le-bol des pharmaciens en pleine épidémie de Covid-19. Ils réclament plus de considération de la part du gouvernement.
"On attend d'être considérés." Voilà la simple raison d'être d'une lettre, signée par le bureau de la Fédération des Syndicats Pharmaceutiques de France (FSPF) de Haute-Savoie, et qui doit être envoyée à Emmanuel Macron dans les prochains jours.
A en croire Guillaume Dessard, président de la FSPF 74, les pharmaciens en ont "ras-le bol d'avoir à faire plus avec moins, surtout maintenant. On se sent méprisés alors qu'on a besoin de nous."
Un peu de considération pour une profession qui fait partie des commerces maillant le plus le territoire français. "A part en allant à la pharmacie, vous ne trouverez pas un conseil médical en 15 minutes", étaye Guillaume Dessard. Un maillage que, selon lui, le gouvernement exploite sans égard :
On nous demande de distribuer des masques, puis de ne plus le faire. On nous dit de ne pas faire de gel, puis d'en faire, et puis en fait non, et puis en fait si mais on n'a plus de matériel. On doit être là en cas de violences conjugales, et c'est très bien. Mais qu'on nous consulte pour qu'on ne l'apprenne pas dans les journaux, et qu'on nous donne le mode d'emploi, une formation.
"La boîte à outils de l'Etat au niveau de la santé"
En résulte une impression, selon Guillaume Dessard, d'être "la boîte à outils de l'Etat au niveau de la santé, de rattraper le coup sur un peu tout", tout en "sachant qu'on va encore nous demander des économies lors du prochain plan de financement de la sécurité sociale". Le président de la FSPF 74 signale également que toutes les heures supplémentaires effectuées pendant l'épidémie sont "bénévoles".
Ce ras-le-bol est selon lui antérieur à la crise du coronavirus, et est la cause "des nombreuses fermetures de pharmacies" ces dernières années. En 2018, 240 officines avaient ainsi fermé leurs portes en France.
Autre point de crispation évoqué, le statut des préparateurs et préparatrices en pharmacie, qui ne sont "pas prévus dans les dotations de masques", comme l'explique le texte de la lettre :
Summum de la honte, nos équipes officinales, et particulièrement les préparateurs et les préparatrices en pharmacies, ne sont pas considérés comme des professionnels de santé à part entière. Ils ne sont pas prévus dans les dotations de masques, ni dans les gardes d'enfants alors qu'ils sont en première ligne, au même titre que les pharmaciens.
"J'espère qu'on se souviendra de ce que font les pharmaciens"
Les pharmaciens, eux, doivent bénéficier de 18 masques chirurgicaux par semaine. L'Ordre des pharmaciens a par ailleurs précisé que chacun peut utiliser cette dotation comme bon lui semble, et la répartir au sein de son équipe.
Guillaume Dessard affirme ne pas attendre une réaction immédiate du gouvernement, ni une réponse proportionnée du président de la République alors que la France est encore en confinement :
"Vous comptez sur nous, nous avons besoin de vous", concluent les signataires de la lettre, qui pour l'heure a été "diffusée dans la profession" selon Guillaume Dessard, et n'attend que quelques modifications pour être envoyée à la tête de l'Etat.Pendant la crise, on ne discute pas. On est fiers de notre boulot, mais j'espère qu'on se souviendra après la crise de ce que font aujourd'hui les pharmaciens, qu'on a fait le job.