Haute-Savoie : une gare télécabine construite sur une route communale fait polémique à Samoëns

En projet depuis 2012, la gare télécabine de Samoëns a été construite cet été, au grand dam des riverains d'un proche hameau. En effet, celle-ci coupe l'unique chemin leur permettant d'accéder facilement à leur maison. Des recours administratifs ont été déposés. 

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"J'ai été empêché de venir chez moi pendant plusieurs mois." Voilà trente ans que Jean-Michel Dumey habite une partie de l'année à Samoëns, en Haute-Savoie. Cet été, il s'est étonné de découvrir une gare télécabine sur l'unique voie menant à sa résidence. Impossible de parcourir les 150 mètres de dénivelé en voiture, malgré le chemin d'accès provisoire mis en place par la mairie, trop raide pour son petit véhicule. Il lui faut désormais monter à pied, comme en hiver, lorsque la route est naturellement coupée par la neige. "Depuis le village, il me faut trente minutes en marchant", précise-t-il.

Le chemin de l'Arête mène à un secteur du hameau du Vercland, une zone composée essentiellement de résidences secondaires. Mais cette petite route permet également d'accéder à des parcelles agricoles et forestières. Prévue depuis 2012, la construction de la gare télécabine – "un projet phare pour Samoëns", souligne Jean-Charles Mogenet, actuel maire de la commune – était conditionnée au dévoiement de ce chemin. "La question est : pourquoi ce problème n'a pas été anticipé ?" interroge l'édile.


Un sujet de désaccord entre municipalité sortante et équipe actuelle 

"Les tracés de remontées mécaniques ont été faits il y a trois ans. Tout le monde savait que la route allait être coupée. Au moment du dépôt de permis de construire, le permis d'aménager aurait dû être déposé, mais ça n'a pas été fait. Maintenant, il faut bien assumer cette responsabilité", déplore Jean-Charles Mogenet qui, au printemps, a succédé à Jean-Jacques Grandcollot (maire de 2008 à 2020) à la tête de la commune. L'ancien maire rétorque quant à lui que la faute revient à la municipalité actuelle, qui aurait refusé le projet. "La solution trouvée par mon équipe était de contourner la gare par une parcelle agricole un peu plus haut, qu'il était possible d'acheter. Le projet était adopté mais nous avons manqué de temps pour le mettre en place et l'équipe suivante a tout détruit", assure Jean-Jacques Grandcollot.
 
Face à cette situation qualifiée d'"ubuesque" par le maire de Samoëns, Jean-Michel Dumay a saisi le préfet de Haute-Savoie, fin septembre. Puis déposé plainte, le 8 octobre, pour destruction de bien public destiné à utilité publique. Le 26 octobre, il a engagé une procédure en référé au tribunal administratif afin de faire enlever la gare de télécabine. Sa requête rejetée, le Haut-Savoyard a déposé jeudi un recours au Conseil d'Etat.

"Le libre accès des riverains est une liberté fondamentale, argumente-t-il. Il y a une vraie entourloupe : l'autorisation de construire n'a été donnée qu'à la condition du dévoiement. La gare a donc été illégalement construite." Mais pour l'ancien maire, Jean-Jacques Grandcollot, ce problème n'a pas lieu d'être : "Le chemin de l'Arête dessert trois granges et il n'y a aucun problème pour accéder aux terrains agricoles."


Une alternative à l'étude

Le maire tente malgré tout de trouver des alternatives. Depuis le début des travaux, un passage provisoire, résultat d'un accord à l'amiable avec un habitant, permet aux riverains du hameau du Vercland de passer tant bien que mal. A plus long terme, Jean-Charles Mogenet tente de trouver une solution durable. "Pour l'instant, on rencontre des résistances de la part de certains habitants car la route, même si ce n'est pas une autoroute, personne ne la veut, explique-t-il. J'ai la possibilité d'aménager une voie communale déjà existante, qui passe entre les maisons du village. Ce n'est pas l'idéal, mais elle existe. Un redressement de voirie permettrait de redonner un accès aux secours, à des véhicules légers et des véhicules agricoles de taille moyenne."

"Je comprends complètement l'agacement des riverains, je me mets à leur place, je ne suis pas content non plus, poursuit-il. Je sais que cette solution ne satisfait pas tout le monde."  Jean-Charles Mogenet espère lancer les travaux de réhabilitation dès le printemps, pour une mise en service en juin 2021.
 
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