Quatre membres du Groupe militaire de haute montagne ont ouvert une voie dans la face ouest des Drus, paroi parmi les plus fameuses des Alpes. Ils sont arrivés dimanche au sommet, à plus de 3 000 mètres d'altitude.
Quatre jours d'expédition pour une ouverture de voie dans la face nord-ouest des Drus, dans le massif du Mont-Blanc. Quatre membres du Groupe militaire de haute montagne (GMHM) de Chamonix sont partis à l'assaut de cette mythique paroi alpine jeudi 18 février. Elle est décrite comme "la plus pure, la plus convoitée, l'une des plus belles" parois rocheuses des Alpes par l'alpiniste François Labande, co-fondateur de Mountain Wilderness.
"Les quatre grimpeurs ont atteint le sommet dimanche vers 17 heures sous un vent violent", raconte le chef de bataillon Jacques-Olivier Chevallier, chef du GMHM, groupe militaire composé d'experts montagne et grand froid de l'armée de Terre. Lundi matin, ils étaient toujours en train de redescendre après une expédition mouvementée à cause de l'arrivée du Sirocco. "C'est une paroi mythique, décrit-il. Traditionnellement, la presse suivait de près chaque ascension de la face ouest des Drus."
La faute au contexte sanitaire, l'engouement n'a pas été le même cette année. Mais pour compenser, les militaires ont retransmis l'ouverture de cette voie en direct sur YouTube pendant trois jours. Des dizaines d'heures de captation et autant de milliers de vues. Dans ces vidéos, les quatre grimpeurs racontent leur ascension parfois difficile. "C'est le chaos. On est arrivés à un bivouac sordide", raconte l'un d'eux lors de leur dernière nuit avant l'arrivée au sommet des Drus (3 754 m).
Expéditions contrariées
Le mercure est descendu jusqu'à -10°C. "Ce sont des températures plutôt clémentes, assure toutefois Jacques-Olivier Chevallier. Quand ils ont ouvert la voie Blast dans la face nord-ouest de l'Aiguille de Blaitière, ils ont fait face à des températures jusqu'à -20°C." Des ouvertures de voies qui se succèdent dans les Alpes, faute de pouvoir organiser des expéditions à l'étranger.
Les militaires du GMHM ont des fourmis dans les crampons depuis le début de la crise sanitaire qui a entraîné l'annulation de toutes leurs expéditions en dehors de la France. "Ce que recherche le GMHM ne se trouve pas toujours dans le massif du Mont-Blanc. Les militaires vont chercher de la nouveauté, des itinéraires pas encore défrichés", poursuit le chef du groupe militaire. Une immersion au cœur du massif en plein hiver reste toutefois "la meilleure manière de combler l'absence d'expédition".
La dernière ouverture de voie dans la face ouest des Drus remonte à 2008. Elle a été effectuée par les alpinistes Jean-Yves Fredriksen et Martial Dumas. Ces faits d'armes se sont raréfiés depuis les éboulements successifs de ces dernières années, notamment l'effondrement du pilier Bonnatti en 2005.
Dans la vallée de Chamonix, le chef de bataillon Jacques-Olivier Chevallier attend toujours les quatre militaires, en pleine redescente après un dernier bivouac en contrebas du sommet dimanche soir. "Ca sera à 100% une réussite quand mes gars seront en train de manger une pizza avec nous", dit-il, en attendant que les militaires retrouvent la terre ferme.