Dans la nuit du vendredi 24 juillet, une altercation s’est produite entre Chrystelle Beurrier, maire d’Excenevex, et des membres du collectif Collages Féminicides Thonon.
Les faits se sont déroulés dans la nuit du vendredi 24 juillet 2020. Alors qu'elle rentre chez elle, en voiture, accompagnée de son époux et leur fille de 16 ans, madame Chrystelle Beurrier, maire de la commune d'Excenevex aperçoit un groupe de jeunes femmes dans un virage d'une route départementale, en train de coller des affiches.
Elle décide de les aborder en leur précisant qu'elles sont dans un endroit dangereux, sans trottoir. "Je leur ai d'abord demandé de se mettre en sécurité et de m'expliquer ce qu'elles faisaient là. Elles m'ont expliqué qu'elles collaient une affiche marquée : la honte doit changer de camp", pour défendre la cause des femmes agressées.
Dans la discussion qui se poursuit, madame Beurrier parle d'agressivité. "Elles sont allées jusqu'à faire des remarques sur l'éducation de ma fille". "Je leur ai enfin, expliqué que nous faisions des actions de prévention et de contrôle avec des agents de sécurité dans la ville et que leur message n'est pas très explicite pour le grand public". Un dialogue de sourdes s'installe alors, chacune campant sur sa position.
Les jeunes femmes du collectif Collage Féminicides Thonon, surnommées "les colleuses", défendant leur droit de s'exprimer contre la socièté patriarcale, madame le maire leur expliquant qu'il y existe d'autres moyens pour défendre cette cause sans se mettre en danger. La tension devient perceptible lorsque madame le maire leur explique que les femmes doivent aussi "prendre leur destin en main", sous-entendant qu'une femme peut aussi accéder à de hautes fonctions. Le mot de trop, qui provoque la colère des activistes, retranscrite dans un communiqué :
"Alors que nous venions d'apposer le collage " la honte doit changer de camp", Mme la mairesse s'est enquise du sens de notre message, manifestement énigmatique à ses yeux. Après des premiers échanges plutôt tendus, certaines de nos consœurs ont alors pris le temps de contextualiser le sens de cette revendication en explicitant le caractère féministe en lien avec les violences sexistes et sexuelles ainsi que la culture du viol. Devant ces arguments, Mme Beurrier a spontanément répondu "Oui, enfin, il faut prendre son destin en main aussi", balayant d'un revers de la main le caractère systémique desdites violences".
"Dans ce communiqué, Madame le Maire estime qu'elles "me font passer pour quelqu'un que je ne suis pas", insistant sur le caractère agressif de ces jeunes femmes. Les messages ont été enlevés par la commune, mais les colleuses sont revenues à la charge le lendemain, en remettant le message ainsi qu'un deuxième sur un panneau public d'accès à une plage, "ni sage, ni docile". Un jeu de provocation qui a eu le don d'irriter l'élue, décidée à n'en pas rester là.
À ce jour, Chrystelle Beurrier a contacté la gendarmerie pour qu'une enquête soit ouverte, rappelant qu'il y a eu affichage interdit et dégradation de parterres de fleurs. Madame le Maire envisage de poursuivre "les colleuses" en diffamation. Les colleuses, elles maintiennent leur version, estimant que madame le maire est dans l'ignorance de la teneur de leur mouvement qui "dénonce non pas les hommes eux même, mais un système patriarcale auquel elles veulent mettre fin", selon Marion, membre de ce collectif.
Et d'ajouter : "Nous sommes aussi une entité politique et nous souhaitons mettre le débat sur la place publique"... "Il ne s'agit pas de dire, je suis pour le droit des femmes en montrant qu'il y a des maires femmes, c'est un combat à une plus grande échelle que l'échelle individuelle de cette "mairesse" ( terme volontairement provocateur de la part du collectif )..."Alors ce ne sont pas quelques murs tagués ou des parterres publics foulés qui vont nous arrêter."
Le bras de fer ne fait que commencer, à moins que d'ici là, un vrai dialogue s'installe.