VIDÉO. "Humainement, nous allons exploser" : l'inquiétude des médecins de montagne, pris d'assaut par des patients de la vallée

En Pays de Savoie, les médecins de montagne attirent de plus en plus de patients habitant dans la vallée, et qui n'ont pas de médecin traitant. De quoi inquiéter ces professionnels de santé conscients que "l’offre de soins ne répond pas à la demande" mais qui souhaitent "conserver la qualité de prise en charge".

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"En intersaison, nous réalisons environ 40 consultations par jour, et parfois, la moitié des patients vient de la vallée" explique Jean-Baptiste Delay, médecin au sein d’une maison médicale situé aux Carroz d’Arâches, en Haute-Savoie. La commune, située à 1 200 mètres d’altitude est située au cœur du domaine skiable du Grand Massif.

Equipé d’appareils de radiologie, d’un échographe, de matériel d’urgence et de petite chirurgie, "ce cabinet est équipé pour recevoir les patients de l’hiver et la traumatologie du ski" poursuit le professionnel de santé dont les membres du cabinet effectuent, le reste de l’année, des consultations de médecine générale non programmées, c’est-à-dire sans rendez-vous.

Consultations sans rendez-vous

"Une consultation programmée se fait dans le cadre de l’établissement d’un certificat médical, d’un renouvellement d’ordonnance ou pour le suivi d’un patient" explique le généraliste, "alors qu’une consultation non programmée peut concernée une blessure à la cheville, un mal de gorge, une douleur dans la poitrine".

"On ne donne pas de rendez-vous hormis pour les patients très à risque, âgés, et que l’on va aider de façon exceptionnelle et sur des créneaux bien définis" précise Jean-Baptiste Delay, également président de l’association Médecins de montagne qui regroupe 300 professionnels de santé exerçant dans l’ensemble des stations de sport d’hiver françaises.

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L'inquiétude des médecins de montagne, pris d'assaut par des patients de la vallée. ©France 3 Alpes

"Nous allons exploser"

Cette prise en charge globale attire de plus en plus de patients, sans médecin traitant, qui n’hésitent plus à se rendre en altitude pour obtenir de l’aide. "Je pense que les médecins, en ville, ont trois, quatre créneaux d’urgence dans la journée qui sont vite pris et nous, nous avons de plus en plus de gens de la vallée qui viennent en consultation dans les cabinets de station car ils savent que nous allons les accueillir", indique Jean-Baptiste Delay.

Cela commence à poser un petit souci car humainement, nous allons exploser.

Jean-Baptiste Delay, président de l’association Médecins de montagne

"On a beaucoup plus de pression et de demandes" affirme le praticien, "et je pense que c’est une réalité partout".

Quelles solutions ?

"Il faudrait qu’il y ait des centres de médecine non programmée en vallée" souffle le président des Médecins de montagne, "cela fait un petit moment que l’on dit que notre modèle peut s’exporter en ville et ça commence à se faire" à l’image d’un centre qui a ouvert ses portes début 2024 à la Roche-sur-Foron.

Jean-Baptiste Delay estime que "l’offre de soins ne répond pas à la demande". "Le vrai problème" lâche-t-il, "c’est que ce n’est pas valorisé financièrement et qu’il est plus facile de faire du 'programmé'. En effet, nous savons à quelle heure nous commençons et nous terminons notre journée. Des consultations non programmées et donc sans rendez-vous sont plus compliquées à gérer en termes de flux", conclut le président des Médecins de montagne, soucieux de "conserver une qualité de prise en charge pour les patients" au cœur des Carroz-d’Arâches.

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