Kilian Jornet après son record sur les plus hauts sommets des Alpes : "Je me suis senti voler, je ne ressentais plus la fatigue"

Près d'une semaine après son exploit sur les plus hauts massifs des Alpes, l'Espagnol Kilian Jornet revient sur son aventure, son record et sa vision de la performance. La star du trail a gravi les 82 sommets alpins de plus de 4000 mètres d'altitude en seulement 19 jours.

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La légende du trail Kilian Jornet est revenue vendredi 6 septembre sur "le challenge le plus dur de (sa) carrière" : son périple incroyable et inédit à travers les plus hauts sommets des Alpes achevé dimanche 1er septembre.

L'Espagnol de 36 ans a grimpé les 82 sommets de plus de 4 000 mètres répartis sur trois massifs alpins en 19 jours seulement. Il bat ainsi le précédent record de 62 jours établi en 2008 par les deux alpinistes italiens Digo Gioveannini et Franco Nicolini.

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Une performance physique hors norme, avec plus de 1200 km parcourus en vélo, à pied ou en escalade et un dénivelé positif de 75 345 mètres. Le tout avec moins de cinq heures de sommeil par nuit : "L'idée c'était de rentrer dans un massif et d'y rester quelques jours pour boucler tous ses sommets en passant par le plus d'arêtes possibles. Pendant ces périodes, je dormais peu, entre une heure et demi et trois heures. Quand je redescendais en bas je m'accordais un peu plus de repos dans un van qui me suivait à distance pour préparer la suite. Le plus dur c'était vraiment de garder sa concentration : sur une journée de 20 heures à grimper, il fallait rester attentif en permanence", explique-t-il.

La fatigue et les compagnons de cordée

Lors de son aventure, Kilian Jornet, très attaché à la défense de l'environnement, s'est dit surpris par les conséquences du réchauffement climatique : "Cela faisait 7 ou 8 ans que je n'étais pas allé faire de la montagne dans les Alpes. Elles ont beaucoup changé. Ce qui m'a le plus marqué, c'est le nombre de chute de pierres, de jour comme de nuit. Il y a eu des moments où cela s'est joué à pas grand-chose comme pendant la traversée du glacier du Brouillard en Italie."

Malgré tout, il garde de bons souvenirs de ce défi : "Je pense à la montée du Weisshorn dans le Valais (Suisse). Cela faisait cinq jours que j'étais en montagne et il y avait un passage très technique avec 800 mètres d'arête avant une portion d'escalade difficile que je voulais absolument atteindre avant la nuit. J'ai pu y arriver au moment où le soleil descendait et, avec la lumière, j'avais l'impression que mon ombre grimpait à côté de moi avec un paysage magnifique tout autour. C'était tellement beau que je me suis senti voler... Je ne ressentais plus la fatigue. C'est aussi pour des moments comme ça que je fais ce genre de projet."

Michel Lanne, Benjamin Védrines, Mathéo Jacquemoud, Vivian Bruchez... Plusieurs alpinistes de renom ont aidé Kilian Jornet dans son "Alpine Connections" : "Cela aide surtout à se reconnecter un peu. Quand on est sur une cordée, tu peux t'appuyer sur les autres pour décider par où passer, cela permet de se reposer la tête. Par contre, je préférais faire les parties dangereuses seul pour être plus libéré. Il y avait beaucoup d'amis avec qui je n'avais pas grimpé depuis longtemps, c'était cool de les revoir et de partager des moments, on reste des êtres sociaux, même en montagne."

"Plus l'obligation" de faire une course

À 36 ans, Kilian Jornet semble être dans la forme de sa vie. Outre ce record, la star du trail a aussi remporté Zegama et Sierre-Zinal, deux courses de montagne de renom au niveau très élevé : "Je suis content avec ma carrière et ce que j'ai fait. Je ne me sens plus l'obligation de faire une course ou une autre et cela me donne de la liberté. Bien sûr mes capacités vont changer avec l'âge, je vais peut-être être un peu plus lent, mais j'adore encore m'entraîner. Je vais essayer de progresser, notamment dans mon approche de la nutrition. Je pense que je peux encore m'améliorer."

Mais pour l'heure, l'athlète veut encore "digérer" son aventure : "Physiquement, je suis assez bien. J'ai très bien géré le côté alimentation comparé à l'année dernière dans les Pyrénées (huit jours pour gravir 177 sommets de plus de 3000 mètres, NDLR) où j'avais perdu beaucoup de poids. La récupération s'est bien passée. C'est davantage sur le côté psychologique qu'il faut digérer... c'était un projet chargé d'émotions."

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