Les cercueils vides de deux illustres résistantes, Geneviève de Gaulle-Anthonioz et Germaine Tillion, vont entrer au Panthéon. Si les familles ont accepté les honneurs d'une cérémonie, prévue fin mai, elles refusent que les corps soient exhumés et déplacés à Paris.
La dépouille de Geneviève de Gaulle-Anthonioz, résistante et nièce du général, restera à Bossey, en Haute-Savoie. Elle était d'ailleurs l'amie intime de Germaine Tillion, l'autre résistante "panthéonisée" le 27 mai, dont le corps doit rester à Saint-Maur-des-Fossés, selon les voeux de la famille. Les entourages des deux grandes figures de la Résistance ne se sont pas opposés à leur "panthéonisation", mais ils ont fait savoir à l'Elysée qu'ils ne souhaitaient pas que les corps soient exhumés pour un transfert vers Paris.
Inhumée en 2002, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, ancienne présidente d’ATD Quart-Monde, avait manifesté le souhait d'être enterrée près de son mari Bernard Anthonioz en Haute-Savoie. Malgré l'hommage de la Nation, ses dernières volontés seront donc respectées.
Reportage Serge Worreth et Dominique Bourget
Cérémonie du 27 mai
Quatre cercueils doivent entrer aux Panthéon le 27 mai: ceux du ministre Jean Zay, du journaliste et héros de la résistance Pierre Brossolette et ceux de Geneviève de Gaulle-Anthonioz et Germaine Tillion.Dans les deux derniers, il n'y aura donc qu'une simple urne dans laquelle sera déposée de la terre prélevée sur leurs tombes.
Geneviève de Gaulle-Anthonioz, grande résistance française
En plus d'être la nièce de Charles de Gaulle, elle est une résistante française. Dès juin 1940, elle prend le maquis au sein du Groupe du Musée de l'Homme. La jeune femme y multiplie les actions de renseignement et d'information.A la suite d'une trahison orchestrée par Pierre Bonny de la Gestapo française, elle est arrêtée et déportée au camp de concentration de Ravensbrück en 1944. C'est là-bas qu'elle se lie d'amitié avec Germaine Tillion. Elle en sort un an plus tard, lorsque le camp est libéré par l'armée rouge. Son expérience est racontée dans le l'ouvrage "La Traversée de la Nuit".
Le célèbre Général lui a dédicacé le premier tome de ses Mémoires de guerre en ces termes: "À ma chère nièce Geneviève, qui fut, tout de suite, jusqu'au bout, au fond de l'épreuve, au bord de la mort, un soldat de la France libre, et dont l'exemple m'a servi".
Sa lutte contre la pauvreté
La guerre terminée, elle continue son combat en devenant militante des droits de l'homme et de la lutte contre la pauvreté. Elle préside la branche française du Mouvement ATD Quart Monde de 1964 à 1998. La souffrance de certaines familles démunies lui rappelle la vie des déportés.Nommée en 1988 au Conseil économique et social, elle se bat pour l’adoption d’une loi d’orientation contre la grande pauvreté. La loi est finalement votée en 1998.
Geneviève de Gaulle-Anthonioz décède à l'âge de 82 ans.