"Les habitants au bout d'un moment craquent", des élus de Haute-Savoie mobilisés contre le vandalisme sur le réseau public de fibre optique

Ce vendredi 24 février, plusieurs élus de Haute-Savoie se sont réunis dans cinq communes du département pour faire part de leur indignation contre des actes de vandalisme. Depuis le début de l'année, le réseau public de fibre optique a subi une vingtaine de dégradations.

C'est un ras-le-bol général qui dure depuis plus d'un an, et qui s'est intensifié ces derniers mois. Depuis plus d'un an, le réseau public de fibre optique déployé par Syane, le syndicat des énergies numériques de Haute-Savoie, a enregistré 145 dégradations.

Depuis le 1er janvier 2023, ce sont déjà 27 détériorations des locaux. Des actes de vandalisme qui ont poussé plusieurs élus de Haute-Savoie à se mobiliser devant les installations ce vendredi 24 février.

Retard de raccordement et coupures d'accès au réseau

Ce saccage des locaux techniques du réseau de fibre optique entraînent régulièrement des retards de délais de raccordement pour les particuliers, mais aussi des coupures de service pour les clients déjà reliés à la fibre. 

Dans son appartement de Saint-Julien-en-Genevois, Lena Safonova téléphone chaque mois au service client de son opérateur. Régulièrement, elle est privée de ses équipements :"Je suis déjà resté un mois sans télévision, sans téléphone et sans accès internet. Ils m’ont remboursé mon abonnement, mais ce n’est pas une question d’argent. C’est une question de survie. Si je tombe malade et que je ne peux pas appeler les pompiers. Comment je fais ?"

Pour cause, dans la commune, le nœud de raccordement optique (NRO) est la cible d'actes de vandalisme chaque semaine. A l'intérieur, certains câbles sont débranchés. Une situation intenable pour la maire de Saint-Julien-en-Genevois. "C’est un investissement hyper important. Et ces dégradations c’est sans arrêt. Les habitants au bout d’un moment craquent. Il y a une dame qui est venue. Cela fait un an et demi qu’elle était branché et du jour au lendemain, elle n’a plus rien eu."

Les opérateurs et leurs sous-traitants en ligne de mire

A quelques kilomètres de là, à Saint-Martin-Bellevue, sur la commune de Fillière, la porte des locaux techniques de la fibre optique a été fracturée. Un crève-cœur pour Syane, le syndicat des énergies numériques de Haute-Savoie, qui a investi plus de 300 millions d'euros dans le réseau public depuis 2010.

"On ne peut pas admettre cela dans un département comme la Haute-Savoie où aujourd’hui, on a des industriels et des entreprises du numérique qui ont besoin d’un service immédiat et de qualité. Et si on veut également prôner demain le télétravail, on ne peut pas non plus se permettre qu’une personne n’ait plus accès à Internet chez elle." alerte Joël Baud-Grasset, président de Syane.

Les grands opérateurs sont dans le viseur du syndicat et des élus. Selon eux, ils sont responsables des actes de vandalisme en rémunérant les employés de leurs sous-traitants à la prestation. "Ils viennent dans les nœuds de raccordement optique. Ils trouvent la porte verrouillée, alors ils forcent l'entrée, car ils n'ont que deux heures pour fibrer leurs clients. Vite, ils branchent la personne et repartent pour une autre prestation ailleurs. Ce système ne nous convient pas car on arrive jusqu'à cinq sous-traitants de sous-traitants. Au final, on se retrouve avec des locaux saccagés." 

Une lettre adressée au ministre de la Transition numérique

Suite à la répétition de ces actes de vandalisme, le président de Syane a envoyé un courrier à Jean-Noël Barrot, ministre en charge de la Transition numérique et des Télécommunications. A travers cette lettre, il transmet un "cri d'alarme de la Haute-Savoie" qui lutte avec un sentiment "d'impuissance" face à ces dégradations fréquentes.

En réponse, le ministre a indiqué avoir pris en considération les problématiques rencontrées dans le département. Il a ajouté qu'un dialogue a été engagé avec l'Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (ARCEP). Le ministère fait savoir également qu'ils œuvrent sur la mise en place "d'une formation labellisée, que chaque technicien pourra suivre afin de garantir un niveau élevé de compétences".

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