La population suisse est appelée à voter sur le versement d'une 13e pension de retraite par an, ce dimanche 3 mars. Ce projet, qui divise le pays alpin à quelques jours du scrutin, vise à faire face au coût élevé de la vie.
La Suisse, un pays vieillissant avec un coût de la vie toujours plus élevé, se prononce ce dimanche 3 mars sur deux propositions aux lourdes répercussions : un treizième mois de pension pour les retraités et le relèvement de l'âge du départ à la retraite.
À l'instar de ce qui se fait déjà pour bon nombre de salariés dans le pays alpin, l'idée est de verser un 13e mois de pension pour compenser la hausse du coût de la vie. La majorité des électeurs y est favorable si l'on en croit les derniers sondages, mais l'avance du "oui" se réduit et l'adoption de la mesure reste incertaine à trois jours du scrutin.
Un coût de la vie élevé en Suisse
Actuellement, la rente maximale mensuelle versée par l'Etat s'élève à 2 450 francs suisses (2 570 euros) pour une personne seule et à 3 675 francs pour un couple marié (3 854 euros). Une somme conséquente qu'il faut relativiser car le pays se classe parmi les plus chers du monde. Le loyer mensuel d'un appartement de trois-pièces dans les principales métropoles suisses s'élève facilement à 3 000 francs (3 150 euros) et un café coûte plus de cinq francs.
Les Suisses, près de 9 millions d'habitants dont près d'un cinquième est âgé de 65 ans et plus, complètent souvent cette retraite par divers plans d'épargne et d'investissements, quand ils en ont les moyens.
Si le peuple donne son feu vert à la réforme, la Suisse rejoindra le Liechtenstein voisin, un autre pays au coût de la vie élevé, qui utilise le franc suisse et qui a mis en place un système similaire depuis des années.
"Il y a, comme partout, une crise de pouvoir d'achat en Suisse. Le niveau de vie des retraités s'érode", explique à l'AFP Pierre-Yves Maillard, président de la Fédération syndicale suisse (SGB) qui milite pour le "oui".
Le "non" gagne du terrain
Si les partis de gauche soutiennent l'initiative, elle fait face à un vaste front du "non" : les partis de la droite et du centre tout comme le gouvernement fédéral et le Parlement. Pour le gouvernement, verser un 13e mois coûterait plus de quatre milliards de francs suisses par an, nécessiterait des hausses d'impôts et menacerait la stabilité financière du système de sécurité sociale.
"Si l'initiative est adoptée, de nombreux retraités recevront un 13e versement de sécurité sociale même s'ils n'en ont pas vraiment besoin", avancent les autorités fédérales. L'UDC, la droite radicale et premier parti du pays, prévient que cette initiative "irresponsable" permettra aux pique-assiette d'épuiser le système. Comme à son habitude, il a recours à des visuels choc : des billets de 100 francs aspirés dans les égouts.
Cela semble parler aux électeurs et le "non" gagne du terrain. Selon le dernier sondage réalisé par l'institut d'enquête gfs.bern, 53 % des personnes interrogées se sont déclarées favorables à l'initiative, contre 43 % qui y sont opposées. À comparer aux 61 % favorables au "oui" il y a quelques semaines.
2ère enquête "SRG Trend" relative à la votation du 3 mars 2024
— gfs.bern (@gfsbern) February 21, 2024
13e rente #AVS : majorité pour et tendance au Non
L'initiative sur les rentes #AVS : majorité contre en cours d’affermissement
📝Voir le rapport : https://t.co/v80xXKz0G5#vot2024 #chvote pic.twitter.com/XtUrfWGKcn
L'incertitude règne aussi sur la capacité de l'initiative à être adoptée car il faut pour cela qu'elle obtienne la majorité absolue dans la majorité des 26 cantons suisses. "On espère", se contente de dire Pierre-Yves Maillard.
Une retraite plus tardive ?
Les électeurs se prononceront aussi sur une proposition de la branche jeunesse du Parti libéral, demandant que l'âge du départ à la retraite soit progressivement relevé de 65 à 66 ans sur 10 ans. Pour le parti de droite, il s'agit d'assurer la pérennité du financement du système de retraite.
Il y a deux ans, les électeurs suisses ont choisi de justesse de relever l'âge de la retraite pour les femmes de 64 à 65 ans, comme pour les hommes. Mais cette dernière initiative semble morte née. Les derniers sondages indiquent que seulement 35 % des personnes interrogées sont favorables à une telle mesure et 63 % s'y opposent.