Dans la guerre qui oppose Nespresso à ses concurrents, -notamment Ethical Coffee qui a une usine à Ville-la-Grand en Haute-Savoie-, les "alternatifs" ont remporté une bataille en faisant condamner le géant suisse à 500.000 euros de dommages et intérêts pour concurrence déloyale.
Le fabricant de dosettes de café Ethical Coffee Company (ECC) a obtenu gain de cause auprès du tribunal de commerce de Paris contre Nespresso soupçonné de concurrence déloyale.
Nespresso France, Nestlé Nespresso et Nestlé SA, la maison mère, ont été condamnés à lui verser la somme de 500.000 euros, selon un jugement rendu vendredi 6 juin. S'y ajoute un versement de 40.000 euros pour couvrir ses frais d'avocats.
Ludovic Chabanon directeur du site de Ville-la-Grand, Jean-Paul Gaillard pdg Ethical Coffee Company
Le "Club Nespresso" en cause
ECC, qui commercialise des dosettes de café en France depuis 2010, avait déposé une plainte contre Nespresso en décembre 2012, l'accusant de dénigrer ses capsules par le biais du club Nespresso, son service à la clientèle qui permet de commander des capsules et des accessoires mais aussi de s'informer sur l'offre de produits. ECC estimait que Nespresso avait, à travers ce club, instillé des doutes dans l'esprit du public sur la compatibilité, la qualité, la biodégradabilité ou encore la sécurité de ses capsules."Je me félicite de cette décision qui montre que la Justice fonctionne bien", a déclaré Jean-Paul Gaillard, son patron. Nespresso, à l'inverse, s'est dit "déçu". "Nous sommes en train d'examiner ce jugement et avons l'intention d'y faire appel", a indiqué, par courriel, une porte-parole de la marque.
Des dosettes vraiment incompatibles?
Mi-avril, Nespresso France s'est engagé auprès de l'autorité de la concurrence à modifier ses pratiques afin d'ouvrir davantage le marché français du café portionné, notamment en s'interdisant tout commentaire sur les capsules de ses concurrents, en premier lieu au sein du club Nespresso.Nespresso a notamment proposé des formations en interne pour s'assurer de l'adhésion à ces principes de communication, a précisé la porte-parole de Nespresso. "Nous sommes convaincus que ces mesures témoignent, en toute bonne foi, de nos efforts pour développer une communication appropriée sur la concurrence", a-t-elle ajouté.
Mais l'autorité de la concurrence a été saisie (par EEC notamment) pour un second motif : non seulement la marque a une communication insidieuse auprès de ses fidèles à propos d'une incompatibilité partielle des dosettes concurrentes ; mais en plus, Nespresso aurait plusieurs fois modifié ses machines pour rendre son utilisation effectivement "incommodante" avec des capsules externes.
Sur ce point aussi, Nespresso s'est engagé : il communiquera désormais trois mois à l'avance les modifications sur ses machines. Cette dimension n'est pas concernée par le jugement rendu par le Tribunal de commerce de Paris.
Part de marché en baisse
Nespresso, la marque de dosettes de café représentée par l'acteur américain George Clooney, est une des marques phares de Nestlé, le géant de l'alimentation basé à Vevey. Selon les chiffres de l'autorité de la concurrence, 73 % des machines à café expresso portionné vendues en France sont des machines Nespresso.Mais le groupe, qui se taillait la part du lion sur ce produit à forte marge, a vu sa part de marché attaquée ces dernières années par l'arrivée de nouveaux concurrents.
En 2008, Jean Paul-Gaillard, un ancien de Nespresso, a ainsi lancé sa propre marque, en se positionnant sur le créneau du développement durable avec des dosettes biodégradables, distribuées à moindre prix en supermarchés.