Inondations en Haute-Savoie : "Notre gagne-pain est parti à l'eau" : un couple de maraîchers démuni après les crues

Un couple de maraîchers installé dans l'une des zones de divagation du bassin genevois a tout perdu après les inondations du 15 novembre. "Le Corti de Joany" peine à remonter la pente, mais les exploitants retrouvent le moral grâce à une cagnotte solidaire.

Les pieds dans la vase, Joany Cassina déambule, dépitée. Sous les serres de son exploitation maraîchère à Reignier-Ésery (Haute-Savoie), des milliers de plants de légumes sont pourris, recouverts par une épaisse couche de vase.

"Le limon est vraiment à cœur, donc c'est inlavable et invendable, déplore-t-elle en arrachant un plant de salade. Déjà, la mâche est compliquée à laver, mais avec tout ce sable en plus et ces algues qui poussent à côté, ça sent la grenouille."

Le 15 novembre, la rivière l'Arve est sortie de son lit, emportant sur son passage toute la récolte et le matériel entreposé chez le couple de maraîchers installé dans l'une des zones de divagation du bassin genevois. En quelques heures, le terrain agricole de 3,5 hectares a été transformé en un vaste étang, recouvert par 2 mètres d'eau.

Des dizaines de milliers d'euros de pertes

"Normalement, au mois de février, on commence à travailler les sols pour planter les légumes d'été. Mais il va falloir que le sol s'essuie, car le limon garde l'humidité donc on ne sait pas quand on va pouvoir recommencer à travailler", s'inquiète Joany Cassina.

Son exploitation, "Le Corti de Joany", accuse des pertes entre 10 000 et 12 000 euros pour les légumes perdus qui ne pourront être vendus, sans compter les dégâts matériels. "Il y a les barres des serres à refaire car elles sont vrillées, les ordinateurs de bord, les pompes d'irrigation... Ça peut facilement monter de 15 000 à 20 000 euros de matériel à réparer", ajoute-t-elle.

Les maraîchers espèrent le classement de cet épisode en catastrophe naturelle, ce qui leur permettrait de bénéficier d'une compensation financière. Mais avant l'aboutissement de ce long processus, ils doivent trouver des ressources pour poursuivre leur activité.

La peur au ventre

"La passion, on l'a. Par contre, ça a été dur de passer le cap parce que c'est notre revenu, notre gagne-pain qui est parti à l'eau, constate Joany. Derrière, on a des emprunts, des charges, notre salariée... On ne sait pas comment on va réussir à joindre les deux bouts. On se serre la ceinture et on verra bien."

L'agricultrice vit avec la peur au ventre, les yeux rivés sur les sites de prévision des crues, craignant de subir un deuxième épisode. "Ce qui nous démoralise, c'est qu'on nous demande de produire local pour des cantines, pour nourrir des familles mais derrière, personne n'est là pour nous aider dans l'immédiat. Ce n'est pas dans six mois, c'est maintenant qu'il faut qu'on se reconstruise", lance-t-elle.

Leurs fidèles clients les ont incités à lancer une cagnotte de soutien qui leur a permis de récolter, à ce jour, près de 2 000 euros. Joany garde l’énergie, la passion et l’espoir. Les sols n’ont pas été pollués d’après les analyses entreprises par son voisin. La maraîchère espère surtout que le limon fertilisera la terre le plus rapidement possible, mais seule la nature décidera.

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