Lors des questions au gouvernement, Virginie Duby-Muller, députée UMP de Haute-Savoie, a reproché au gouvernement de "désarmer la justice face aux délinquants" avec la réforme pénale soumise au Parlement. Manuel Valls parle de "mensonge".
Manuel Valls a qualifié de "mensonge", mardi 3 juin, l'accusation de la droite selon laquelle l'objectif de la réforme pénale du gouvernement serait de vider les prisons et a reproché à l'opposition de faire monter le FN avec cet argument.
Le chef du gouvernement a vertement répliqué à la députée UMP Virginie Duby-Muller (Haute-Savoie), qui lui reprochait de "désarmer la justice face aux délinquants" avec cette réforme, dont l'examen débute ce mardi. "Je vais vous dire franchement ce que je pense de votre question: notre pays crève littéralement de ce genre de polémiques et de positions", a lancé M. Valls à la députée.
La réforme pénale, portée par la ministre de la Justice Christiane Taubira, est discutée à l'Assemblée nationale. Le projet de loi "tendant à renforcer l'efficacité des sanctions pénales" entend prévenir la récidive en évitant les sorties "sèches" de prison et crée une nouvelle peine de probation, la contrainte pénale. Le texte, globalement soutenu par la gauche et qui fait l'objet de plus de 800 amendements dont 650 de l'UMP, concrétise également l'engagement de campagne de François Hollande de supprimer les peines plancher pour les récidivistes, créées sous Nicolas Sarkozy et perçues comme "contraires au principe de l'individualisation des peines".
Duby-Muller attaque Valls
Après avoir fait un parallèle entre les réformes territoriale et pénale pour dénoncer "l'indécision" de l'Exécutif, la député UMP de Haute-Savoie Virginie Duby-Muller s'est adressée à Manuel Valls : "Ministre de l’intérieur, vous aviez durement condamné l’avant-projet de loi de Mme Taubira ; Premier ministre, vous lui avez pourtant accordé un créneau parlementaire pour discuter dans l’urgence, pour convenance personnelle de la Garde des Sceaux, de ce texte mal ficelé et surtout néfaste pour la lutte contre la délinquance."
Selon la députée, les inconvénients s'accumulent dans la réforme pénale proposée par le gouvernement :
- "la prison devient désormais l’exception"
- "vous ouvrez grand les portes et les fenêtres des prisons"
- "des alourdissements des charges pesant sur les policiers et les gendarmes"
- "un message d’impunité"
Document - L'échange V. Duby-Muller et M. Valls
Valls répond : vous faites "augmenter le Front national"
"Je vais vous dire très franchement ce que je pense de votre question : notre pays crève littéralement de ce genre de polémiques et de positions !" Tels sont les mots choisis par le premier Ministre Manuel Valls pour débutée sa réponse à la députée de Haute-Savoie.
"Dire que nous souhaitons vider les prisons, dire que c'est Mme Taubira qui souhaite vider les prisons, n'a aucun sens. C'est un mensonge et cela ne fait pas avancer le débat", a-t-il asséné. "Alors sur ces questions, si les uns et les autres, les républicains notamment, n'ont pas compris que cela fait augmenter le Front national, que cela discrédite la vie politique, que cela discrédite la parole politique, c'est que vous n'avez pas compris la situation dans laquelle nous sommes", a poursuivi le Premier ministre.
Le chef du gouvernement a fait valoir que les précédentes lois passées pour lutter contre la récidive n'avaient pas empêcher cette dernière d'augmenter. S'adressant à l'opposition ainsi qu'à la majorité, il a appelé à ce qu'il n'y ait "point de posture, point d'idéologie".