En cette fin d'année, le FC Jeunesse mahoraise de Dijon a organisé quatre collectes de dons à destination de Mayotte. Vêtements, aliments non périssables, médicaments... 200m3 de matériel ont été récoltés. Pour acheminer les dons jusque dans l'Océan Indien, la petite association lance une cagnotte en ligne, faute de budget.
Quinze jours après le passage du cyclone Chido à Mayotte, les stigmates de la tempête sont encore parfaitement visibles. 39 personnes ont perdu la vie dans cette catastrophe météorologique et politique. Une violence qui n'avait pas été enregistrée depuis des dizaines d'années sur l'île, logée au beau milieu du Pacifique, à 7 000 km de sa Métropole.
Dans ce morceau de France coincé au bout du monde, des milliers de Mahorais sont encore sans toit et sans réseau téléphonique ou internet, faisant face à une grande insécurité et à une urgence sanitaire alarmante. Depuis le début de semaine, la question de l'eau est également une priorité pour la population : selon les associations, 10% du territoire n'avait toujours pas accès à une source fixe d'eau potable ce dimanche 29 décembre.
Depuis le début de la crise, 390 000 litres d'eau ont été envoyés à Mayotte, où des colis humanitaires affluent chaque jour.
À Dijon, le FC Jeunesse mahoraise (FCJM) a organisé quatre journées de collecte de dons les 21 et 22 décembre derniers, mais également ce week-end, du 28 au 29 décembre. Des mobilisations qui se sont soldées d'un franc succès, à la grande surprise de ce petit club bourguignon. "On est agréablement surpris, on ne s'attendait pas à ce qu'autant de gens aient l'information. Tout le monde l'a relayée, ça nous touche", note Aboul'haki, capitaine de l'équipe sénior du FCJM.
► À LIRE AUSSI : Cyclone à Mayotte. L'association Secouristes sans Frontières prête à partir : "on s'attend à une zone complètement dévastée"
Vêtements, aliments et médicaments
Autour de quelques tables pliables, une vingtaine de licenciés du FCJM se relaient dans le froid. Emmitouflés dans leur épaisse doudoune, les footballeurs accompagnés de leurs proches déballent les sacs apportés par les particuliers avant de les trier par catégorie. Vêtements pour adultes et pour enfants, denrées alimentaires non périssables, biberons et accessoires pour nourrissons, bouteilles d'eau, médicaments... Tout objet ou matériel qui pourrait aider les Mahorais restés sur l'île à se reconstruire, ou au moins à tenir un peu plus longtemps, est le bienvenu.
Voir cette publication sur Instagram
Venue avec ses deux enfants, Nadja décharge le coffre de sa voiture rempli de cartons. "On a déjà amené des choses le week-end passé mais j'ai des collègues qui ont souhaité participer. Vu ce qu'il se passe là-bas on essaie de faire à notre niveau, on se sent impuissants mais on essaie de contribuer." Les boîtes de conserve, tee-shirts et pantalons que la jeune maman a apportés vont être placés dans des sacs et stockés dans un local prêté par la Ville de Dijon en attendant d'être envoyés. "C'est simplement un gage d'humanité que de participer à cette collecte", témoigne également Pascal en déposant deux cabas de course remplis de nourriture. "C'est un moment où l'on doit être solidaires entre nous, n'importe quelle communauté, n'importe quel pays peut vivre ça."
Aboul'haki est ému de voir Mahorais et non-Mahorais s'unir pour le bien-être de l'île. Le jeune homme se souvient du 14 décembre et des heures interminables passées à tenter de joindre son frère, resté vivre à Mayotte.
Aujourd'hui je sais qu'il va bien, mais tout le monde n'a pas cette chance. Certains n'ont toujours pas de nouvelles de leurs proches et se doutent qu'ils ont perdu un être cher.
Aboul'haki, capitaine de l'équipe sénior du FCJM
L'inquiétude touche toujours autant les Mahorais installés en Métropole. D'autant plus que de fortes pluies et des épisodes d'orage sont de nouveau attendus à Mayotte ces prochains jours.
► À LIRE AUSSI : TÉMOIGNAGE. À Mayotte, la maternité sous l'eau : Mathilde inquiète pour les sages-femmes après le passage du cyclone Chido
10 000 euros pour acheminer les dons
Entre 14h30 et 17 heures, les donateurs n'ont pas cessé de défiler au stade de la Combe à la Serpent. La camionnette blanche prêtée aux bénévoles pour l'occasion, a effectué des dizaines d'allers-retours entre le stade et le hangar de stockage, qui est désormais plein. L'association estime avoir récolté entre 150 et 200m3 de dons en seulement deux week-ends, soit l'équivalent de trois semi-remorques, à destination de Mayotte.
Ce 24 décembre, un premier conteneur financé entièrement par le transporteur avait d'ores et déjà été envoyé sur l'île. "On n'avait pas anticipé la participation", explique Nathalie Munier, présidente du club de football.
Nous avions été contactés par une équipe d'enseignants à Mayotte, pour être un point de chute sur Dijon qui permette de centraliser les dons... Mais notre club est petit et loin d'avoir les économies pour ça !
Nathalie Munier, présidente du club du FC Jeunesse mahoraise
Pour financer l'acheminement des dons, une cagnotte en ligne, commune à plusieurs villes de Métropole, a été lancée par le collectif Chido. Aujourd'hui, celle-ci a atteint le seuil des 4 500 euros.
En attendant que la cagnotte se remplisse, un transporteur de Lyon a proposé d'aider gratuitement le FCJM à envoyer cette seconde salve de dons vers Mayotte. Reste encore à transporter le conteneur et ses centaines de kilos de matériel jusque dans le Rhône. 195 km à parcourir, qui pourraient coûter jusqu'à 7000 euros à l'association. "Pour envoyer le conteneur directement à Mayotte il nous faudrait entre 9 000 et 10 000 euros", relate la présidente du FCJM, qui ne reculera pas devant cet énième obstacle. "Il faut que les gens qui nous ont offert tout ça sachent que leurs dons sont bien partis et arrivés entre les mains des bonnes personnes. On le doit à eux et à Mayotte."
Avec Maryline Barate