Un réseau de prostitution opérant depuis cinq ans a été démantelé entre la Haute-Savoie et la région parisienne. Neuf personnes ont été interpellées et cinq écrouées. Près de 100 000 euros ont également été saisis.
Ils prostituaient, depuis la Haute-Savoie, des dizaines de femmes en région parisienne. Un réseau de neuf proxénètes colombiens a été démantelé en septembre et cinq d'entre eux ont été placés en détention provisoire. "On était face à une organisation criminelle de haut vol, avec des rôles savamment distribués", explique Elvire Arrighi, cheffe de l'Office central pour la répression de la traite des être humains (Ocrteh), confirmant une information de France Bleu Pays de Savoie.
Plutôt rares ces dernières années, les réseaux de prostitution colombiens "reprennent très fort depuis un an", a-t-elle ajouté. Celui-ci opérait depuis 2015. La tête du réseau, restée en lien avec la Colombie, faisait venir en France les victimes, âgées de 20 à 40 ans, et souvent en situation irrégulière. L'enquête démarrée en 2019 a permis d'en identifier quarante, surtout des Colombiennes mais aussi d'autres Sud-américaines.
Les proxénètes étaient chargés de payer les lignes téléphoniques, publier les annonces, répondre aux clients - les prostituées ne parlant pas le français -, louer des appartements en région parisienne et récupérer la moitié des gains. Des propriétaires d'appartements ont également été interpellés car ils "savaient pertinemment à quel type d'activité" étaient destinés leurs biens, a relevé la commissaire Arrighi.
100 000 euros saisis
Les perquisitions menées dans une dizaine d'appartements ont permis la saisie de près de 100 000 euros. "Ce n'était que l'activité du mois de septembre. C'est une activité très lucrative", a-t-elle souligné, précisant que l'argent était ensuite blanchi en Colombie.
La plupart des prostituées pouvaient enchaîner jusqu'à dix clients par jour. Elles "se disaient volontaires" car la moitié des bénéfices qu'elles conservaient leur servaient à aider financièrement leur famille restée au pays. Souvent logées à plusieurs dans les appartements, elles n'avaient pas de jour de repos, devaient être disponibles à tout moment et ne pouvaient refuser aucune prestation.
"Quand on voit les conditions dans lesquelles elles travaillaient, on ne peut souhaiter ça à personne", a insisté la cheffe de l'Ocrteh. Sur les neuf personnes interpellées, cinq ont été écrouées, trois ont été placées sous contrôle judiciaire et une était toujours en garde à vue mardi soir.