Alors que la saison de ski-alpinisme s'est achevée ce samedi à Flaine, la discipline s'apprête à connaître ses premiers JO en 2026. Le sprint est l'une des épreuves du programme olympique. Elle devrait permettre d'accrocher un public non averti.
Ski de rando, peau de phoques ou encore "pratique avec des allumettes", comme s'en amuse la communauté, le ski-alpinisme a le vent en poupe. La discipline se décline sur plusieurs épreuves dont le sprint, course très spectaculaire qui devrait faire ses beaux jours pour ses premiers JO en 2026.
Naguère envisagé comme un moyen de se déplacer en montagne en grimpant des montées sèches, longeant des arêtes les skis dans le dos et dévalant dans la poudreuse, le ski-alpinisme est devenu un sport à part entière. Sa saison s'est achevée samedi 9 avril à Flaine (Haute-Savoie) avec la finale de la Coupe du monde.
L'épreuve à domicile, qui s'est tenue avec le concours du 27e bataillon de chasseurs alpins et sous d'abondantes chutes de neige, fut un feu d'artifice pour l'équipe de France, avec le couronnement d'Emily Harrop.
Il y a quatre ans, la Savoyarde tournait la page du ski alpin pour se réorienter sur le ski alpinisme. Grand bien lui en a pris. Elle totalise déjà un globe de cristal, onze podiums en Coupe du monde, un titre de championne du monde et d'Europe par équipes.
"J'aime le côté nature de ce sport, on est dans la montagne. Avoir du rouge, du bleu (la couleur des portes en alpin, ndlr) pendant longtemps, ça peut dégoûter. J'avais envie de m'ouvrir à autre chose. Je faisais du ski de rando avec mon papa, on allait se faire des aventures. C'est ce côté aventure dans l'entraînement qui me plaît, tu peux aller partout", explique à l'AFP Harrop, victorieuse largement samedi du sprint, la dernière-née des épreuves.
"La bagarre"
Le sprint est l'une des épreuves du programme olympique - avec l'épreuve-reine, la course individuelle, hommes et femmes, et le relais mixte, soit au total cinq titres décernés - mais elle se joue à un rythme effréné. Six partants à chaque série sur le front de neige, une montée skis au pied, semelles recouvertes de peaux de phoque avec un passage obligé en zigzaguant (appelé la conversion), une montée skis accrochés au sac à dos et une descente à toute vitesse. Le tout, manipulations du matériel comprises, en 3 minutes chrono.
"C'est un peu la discipline des nouveaux arrivants dans le 'ski-alpi'. C'est un format très condensé, que je trouve fun à faire, c'est un peu la bagarre, c'est aussi chouette à regarder, il se passe plein de choses", relève la skieuse savoyarde de 24 ans.
L'épreuve de sprint, qui respecte les codes du ski-alpinisme mais en version courte, devrait permettre d'accrocher un public non averti, espèrent les acteurs de la pratique, se félicitant déjà des live assurés lors des épreuves de Coupe du monde.
"C'est très spectaculaire, ça peut se jouer à des petites choses. Ca ressemble au biathlon où les séances de tir pourraient s'apparenter aux manipulations. Un 'manip' ça dure 5 secondes, pour chausser ses skis, les mettre sur le sac ou dépeauter. Juste sur une manip', il peut se passer quelque chose, ça amène du suspense", explique le jeune Français Robin Galindo, 21 ans, n°1 mondial en moins de 23 ans.
"Des cartes à jouer" pour Emily Harrop
L'amélioration du matériel tient un rôle majeur. Les skis ont largement raccourci - 1,60 m pour les hommes et 1,40 m pour les femmes - et pèsent nettement moins lourd (au minimum 780 grammes), d'où le surnom d'"allumettes" par rapport à des skis classiques.
"Le poids est très important à la montée, on doit porter tout le matériel. Les chaussures sont maintenant toutes en carbone. En débattement (flexion en marchant dans les montées, ndlr), on a l'impression d'avoir une basket au pied", détaille Galindo.
"Fast and light", rapide et léger, c'est un peu le mot d'ordre, comme le rappelle Emily Harrop. La jeune skieuse sait qu'elle a "des cartes à jouer" en sprint tout en souhaitant que cette seule épreuve ne résume pas le ski-alpinisme aux yeux des gens.
"J'ai vécu ma première grande course sur le Tour du Rutor la semaine dernière, une épreuve par équipe sur trois jours en altitude dans des terrains hyper variés et techniques. C'est aussi pour ça qu'on fait ce sport", conclut-elle.