Aux Invalides à Paris ce 7 mars François Hollande a rendu un hommage au nom de toute la Nation à Stéphane Hessel. A Thorens-Glières près de 150 personnes se sont rassemblées pour honorer le grand résistant disparu à l'âge de 93 ans.
C'est sur le plateau des Glières que Stéphane Hessel avait lancé son premier appel à l'indignation.
C'est sur le plateau des Glières, haut-lieu de la Résistance qu'était né en 2008 l'idée du petit manifeste "Indignez-vous" ...Vendu depuis à 4 millions d'exemplaires dans le monde et qui a inspiré plusieurs mouvements de protestation, notamment en France, en Espagne et en Grèce.
Stéphane Hessel avait prévu de participer cette année encore au rassemblement des citoyens résistants d'hier et d'aujourd'hui sur le plateau, un rendez-vous que le vieil homme n'avait jamais manqué.
Un hommage national aux Invalides
Le président François Hollande, entouré d'anciens résistants et de personnalités de gauche, a rendu jeudi aux Invalides un très solennel hommage national au résistant,
intellectuel et militant Stéphane Hessel, disparu à l'âge de 95 ans, saluant "un homme libre" et "un juste".
"Nous sommes rassemblés autour d'un homme qui fut une conscience, un grand Français, un juste", a déclaré François Hollande pendant son éloge funèbre, prononcé en présence de la famille Hessel, réunie autour de sa veuve Christiane.
Le président a salué "le militant sans parti et l'optimiste sans limite" que fut Stéphane Hessel, "séducteur de la cause juste". "Il inspira la jeunesse d'Europe et même d'au-delà. Son appel n'était pas une incitation à la révolte mais à la lucidité", a-t-il dit, évoquant le manifeste de Stéphane Hessel "Indignez-vous",
Recouvert du drapeau français, le cercueil de l'intellectuel, né à Berlin et naturalisé à 20 ans , avait été porté peu après 10H30 au centre de la cour d'honneur des Invalides,
au son de la marche funèbre de Chopin. Les honneurs militaires ont été rendus à l'ancien déporté, Grand officier de la Légion d'honneur.
Parmi les personnalités venues assister à cette cérémonie figuraient le Premier ministre Jean-Marc Ayrault accompagné de plusieurs membres de son gouvernement,
le Premier ministre belge, Elio Di Rupo et les anciens Premiers ministres Lionel Jospin et Michel Rocard. Plusieurs personnalités du Parti socialiste étaient également
venues rendre hommage à celui qui avait participé à leur dernier congrès.
L'ancien résistant et historien Jean-Louis Crémieux-Brilhac a longuement évoqué le souvenir du "jeune officier charmeur" qu'il avait rencontré
en 1942, à Londres, et avec lequel il noua "une fraternité de 70 ans". Débout dans une émouvante dignité, l'homme de 96 ans a égrené les qualités de
son ami, avec qui il avait "tutoyé la mort". "Ta passion de plaire et ton goût de l'irrespect (...) ton refus de l'inacceptable est ce qui a fait de toi une des consciences de notre temps", a-t-il dit en s'adressant à "Stéphane".
"Dans le désarroi montant, le scepticisme croissant envers le politique, tu as fait entendre une voix qui a passé les frontières (...) une voix de jeune nonagénaire qui a dit non pour rejeter le règne délétère de l'argent roi", a-t-il souligné.
"Stéphane Hessel était un homme libre : libre de ses choix, libre de ses engagements, libre de sa vie", a souligné le chef de l'Etat, en rappelant l'action de résistant du défunt.
"Il laisse à la jeunesse le témoignage précieux qu'une vie peut être utile par les actes accomplis, les mots prononcés", a encore déclaré François Holland
"Chaque fois qu'une liberté était menacée, il était là", a relevé M. Hollande de ce "citoyen sans frontières, européen sans conditions, militant sans parti", qui "pétillait".
Le cercueil de Stéphane Hessel, qui a rejoint le cimetière Montparnasse, est sorti des Invalides, porté par des militaires de l'armée de l'Air, au son d'un Chant des partisans interprété a capella par le Choeur de l'Armée française.