Après le dépôt de bilan de la clinique voulu par Kapa santé, et après plusieurs semaines de fermeture, les urgences ont rouvert mercredi 4 avril. Une décision prise par des médecins sans l'accord réel de la direction et de l'ARS. Un huissier est intervenu et les serrures ont été changées.
Les portes des urgences de Cluses étaient closes depuis le 22 mars, jour où le personnel a appris le dépôt de bilan de la clinique par le groupe Kapa santé. Un dépôt de bilan en guise de réponse brutale à une décision non moins brutale de l'Agence Régionale de Santé qui a choisi de rayer les urgences de Cluses de sa carte sanitaire pour en faire un centre de soins ambulatoires. Ce choix de l'ARS n'a jamais été accepté par le propriétaire de la clinique car il est assorti d'une baisse de dotation de plus d'un demi million d'euros.
Des urgences...au centre de premier recours
Depuis la fermeture, plusieurs médecins urgentistes ont tenté de prendre le taureau par les cornes, en créant une société interprofessionnelle de soins ambulatoires, en cours d'inscription au registre du commerce et au Conseil de l'Ordre. Ils veulent ouvrir un centre de premier recours avec cinq urgentistes, six infirmières et une aide-soignante. Reste à définir le lieu, local mis à disposition par la ville ou réintégration de la clinique. Les urgentistes ont une préférence pour les locaux des urgences en raison de la présence de matériel médical sur place.
Ulcérés par la lenteur des événements, ce mercredi 4 avril à 8 heures, ils ont donc décidé de rouvrir les urgences ou plutôt un "accueil de soins non programmés", en avertissant l'ARS et "Kapa", mais sans attendre leurs accords. "Evidemment, ça c'est mal passé", raconte le Dr François Mauchand. "Nous avons reçu une dizaine de patients. Et puis, Kapa a appelé en nous menaçant d'expulsion. Un huissier est venu constater que nous avions rouvert le service. Un représentant de Kapa santé est venu d'Aix-en-Provence en fin de journée".
Les urgences fermées à nouveau
Dans la foulée, les serrures ont été changées, un vigile a été placé pour surveiller. Et le service des urgences a été fermé... à nouveau. "Ça a secoué tout le monde", ajoute le Dr Mauchand, "l'ARS, Kapa, le personnel, tout le monde a envie de trouver une solution rapide parce que là, ça part en live!".
Les médecins urgentistes se défendent d'avoir rouvert le service de façon illégale. "Me concernant, je suis actionnaire minoritaire de la SCI (dont Kapa est propriétaire majoritaire), et j'ai un contrat d'exercice légal", explique François Mauchand. "Nous avons, de surcroît, une accréditation pour pratiquer des soins de premiers secours".
Les urgences de Cluses accueillaient 25.000 patients par an, soit 60 à 80 par jour d'après le Dr Mauchand. Depuis qu'elles sont fermées, les malades doivent se rendre à Sallanches ou Annemasse, à 20 minutes de voiture. "Ils ont des heures et des heures d'attente, car ces services sont saturés", conclut-il.