A l'arrêt depuis 2017, l'unique téléski de la commune haut-savoyarde a été démonté. Premier démantèlement qui en laisse augurer d'autres. Domaines Skiables de France s'est engagé à démonter trois installations par an, à partir de 2023.
C'est une page qui se tourne dans les Aravis. A Saint-Jean-de-Sixt, "tous les gamins ont appris à skier ici", sur la piste desservie par l'unique téléski de la commune, à 1000 mètres d'altitude. Elle avait tout d'une rampe de lancement pour affronter les pistes de la Clusaz ou du Grand Bornand, situées à quelques kilomètres de là.
Certains "se rencontraient dans le bois derrière pour flirter". Autant dire, qu'ici, chacun a ses souvenirs. Et pourtant, au moment où les disqueuses entrent en action, l'heure n'est pas à la nostalgie pour Yvette Favre Lorraine.
Tout un symbole
"Je veux être positive. On a vécu de supers moments ici, mais je n'ai pas trop de regrets, je vais garder que les bons souvenirs parce que c'est une opération qui est belle. On rend la nature à elle-même et on la rend à l'agriculture", confie l'adjointe au maire en charge du tourisme et de la vie locale.
300 mètres de câbles et 5 pylônes à démonter : l'opération peut sembler anecdotique si on la rapporte à la taille du parc des remontées mécaniques françaises qui compte 3500 appareils, dont 2000 téléskis.
Mais elle a tout d'un symbole. C'est le premier démantèlement opéré par Domaines Skiables de France. L'organisme s'est engagé à poursuivre le démontage des installations à l'arrêt pour arriver, en 2023, à trois remontées mécaniques inutilisées par an, balayées du paysage.
Vers plus de diversification en montagne ?
Domaines Skiables de France dit mener à bien ces opérations pour "préserver la montagne grâce à des mesures concrètes en matière d’énergie et d’émissions de gaz à effet de serre, de gestion de l’eau, de protection de la biodiversité et de préservation des paysages".
La mise à terre des pylônes de Saint-Jean-de-Sixt, c'est aussi le symbole de la diversification appelée de leurs voeux par certains acteurs de la montagne.
Yvette Favre Lorraine tempère. Pour elle, il y a une "prise de conscience politique, territoriale qu'il y a des choses qui vont changer, forcément". "Cela a eu de très belles années et on va essayer de se creuser la tête pour faire autre chose. Mais il ne faut pas oublier non plus que le ski paye le ski et bien plus que le ski. Et si, aujourd'hui, on a tous ces équipements en offre touristique, c'est aussi parce que, il y avait des remontées mécaniques".
Et si certains veulent en faire un modèle de ce qui doit se faire désormais à basse altitude, Domaines Skiables de France n'entend pas remettre en cause le modèle économique du ski, là où il fonctionne.
"Dans ce village, le ski n'avait pas pris l'importance qu'il a pu avoir dans les communes alentours, et quand on démonte un appareil comme celui-ci, on n'a pas forcément une friche touristique. Il ne s'agit en aucun cas d'une station fantôme", estime Laurent Reynaud, de DSF.
"Le ski a encore plusieurs dizaines d'années devant lui"
"Ce n'est pas parce qu'aujourd'hui on démonte un téléski ici à St-Jean-de-Sixt que demain on va faire pareil à La Clusaz, à Manigod ou à côté. Ce sont des endroits où le ski a encore plusieurs dizaines d'années devant lui. Et si on est ici, c'est pour montrer au contraire qu'on prend en charge l'ensemble du cycle de nos appareils, de nos installations et qu'on est fier de pouvoir faire vivre encore les territoires de nombreuses décennies", poursuit le représentant de Domaines Skiables de France.
A Saint-Jean-de-Sixt, le site devrait être rendu à d’autres usages : pâturage, camping et espace naturel.
Le démontage a été assuré bénévolement par trois sociétés de remontées mécaniques du massif des Aravis des trois grosses stations avoisinantes : La Clusaz, Manigod et Le Grand Bornand.
Une manière d'essayer de se tourner vers l'avenir sans renier le passé.