Après un accident de travail qui lui a coûté l'usage de son bras droit, Thibaut Dupré, ancien pompier, a trouvé dans le CrossFit adaptive une nouvelle raison de se battre. Le Haut-Savoyard se hisse actuellement sur les podiums de cette discipline et se prépare pour les CrossFit Games, tout en rêvant de représenter la France en aviron handisport.
Ancien pompier, il caressait le rêve de devenir guide de montagne et pisteur secouriste. Mais un accident de travail, il y a trois ans, a bouleversé son destin, lui faisant perdre l'usage de son bras droit. Après des mois d'hospitalisation et de rééducation, Thibaut Dupré a trouvé dans le monde exigeant du CrossFit un nouvel élan.
"Depuis tout gamin, j’ai toujours eu une âme de compétiteur, j’ai toujours eu besoin d’avoir des objectifs pour avancer, pour progresser. Et aujourd’hui, dans mon malheur, je suis catégorisé par rapport à mon handicap, ce qui me permet de pouvoir performer et d’avoir la chance de pouvoir essayer d’être haut-niveau", explique-t-il.
Les CrossFit Games dans le viseur
Depuis près de deux ans, Thibaut Dupré, originaire de Haute-Savoie, s'investit corps et âme dans la pratique exigeante du CrossFit, une discipline réputée pour sa rigueur et son intensité née aux Etats-Unis en 2002 et qui combine force athlétique, haltérophilie, gymnastique et sports d'endurance.
Malgré les défis supplémentaires imposés par son handicap, le Haut-Savoyard s'est hissé sur les podiums et se prépare désormais pour un défi de taille : les CrossFit Games, une compétition de renommée mondiale réservée à l'élite de la discipline qui réunit chaque année plus de 200 000 participants à travers le monde.
"Au départ, c’étaient des grandes difficultés, pas des blessures, mais beaucoup de contractures, beaucoup de choses qui font que tu crées des décalages sur certains mouvements comme on l’a sur des 'Devil press' où tu es obligé de décaler parce que tu n’utilises pas ton deuxième bras. Sur les sauts, je n’utilise pas ma deuxième main, du coup, je crée un décalage. On a fait beaucoup de séances de renforcement musculaire", se rappelle le sportif.
J’ai fait quelques séances de psy après mon accident, mais qui finalement n’ont pas été concluantes. Aujourd’hui, c’est mon échappatoire, c’est ma reconstruction de pouvoir pratiquer du sport et d'avoir un objectif au niveau professionnel.
Thibaut Dupré
Pour Thibaut, chaque séance d'entraînement est un défi à relever, une opportunité de progresser et de se rapprocher un peu plus de son objectif ultime. Son investissement total dans le CrossFit lui a permis de développer une force mentale à toute épreuve, indispensable pour affronter les compétitions les plus exigeantes.
"Le CrossFit, c'est ma séance de thérapie"
Du travail à forte valeur ajoutée qui a porté ses fruits en peu de temps. Les résultats en compétitions sont là pour le prouver. Il occupe actuellement la première place en France et Europe et est classé deuxième mondial en CrossFit adaptive - pratique adaptée aux personnes en situation de handicap - qu'il considère comme une "thérapie".
"C'est ma séance de thérapie. J’ai fait quelques séances de psy après mon accident, mais qui finalement n’ont pas été concluantes. Aujourd’hui, c’est mon échappatoire, c’est ma reconstruction de pouvoir pratiquer du sport et d'avoir un objectif au niveau professionnel. Dans un premier temps, c’était surtout un objectif sportif. C’est clairement une partie de ma reconstruction", exprime le sportif.
Premier sur le podium français et européen
Les performances remarquables de Thibaut ont attiré l'attention des observateurs, ouvrant la voie à de nouvelles opportunités. Son passage à l'Institut national du sport, de l'expertise et de la performance (Insep) et les tests prometteurs qu'il y a effectués pourraient bien marquer le début d'une nouvelle aventure avec l'équipe de France de para-aviron.
"Si, demain, je peux porter les couleurs de la France, c’est un rêve de gosse que je n’ai jamais pu atteindre en tant que valide, mais dont les portes pourraient s’ouvrir grâce à mon handicap. Et puis à moi de performer lors des sélections pour entrer en équipe de France, et encore plus après dans les compétitions pour l’avenir", songe-t-il.