Depuis plusieurs jours, en Haute-Savoie, la neige se fait rare dans les stations de moins de 1 500 mètres d'altitude. Les skieurs se tournent vers les domaines situés plus haut dans les montagnes, au risque de se voir refuser l'accès, face à l'afflux de touristes attendus pendant les vacances d'hiver.
Est-ce l’hiver ou le printemps ? Le décor pourrait en tromper plus d’un. À 1 000 mètres d’altitude, en Haute-Savoie, la neige vient à manquer depuis quelques jours. Quelques taches blanches ici et là dans le paysage. Pas de quoi sortir les skis, selon un visiteur rencontré au pied des pistes à Morzine. "Quelle neige ? L'artificielle là ? Nous, on est bien, il y a du soleil. C’est reparti pour le vélo."
"Dans une saison, on peut avoir plusieurs météos, plusieurs degrés d'enneigement. Il faut s’adapter à ça, avance un autre visiteur. Quand on ne peut pas skier, on marche, il y a toujours de superbes activités à faire en montagne."
Fréquentation record
À l'étage supérieur, à 1 800 mètres d'altitude, changement d’environnement. Snowboards, skis et raquettes sont de mise : la station d’Avoriaz 1 800 est couverte de neige. "Ça fait plusieurs années maintenant que les stations en dessous de 1 800 mètres, on y va plus trop, explique un skieur. On essaie toujours d’aller vers 2 000, 2 500 mètres pour trouver de la neige quand on vient. Sinon ça devient vite compliqué."
En 60 ans d’existence, Avoriaz n’a jamais accueilli autant de clients cet hiver. Les parkings sont surchargés, les pistes bondées et la station s’interroge quant à son modèle. "On a de la chance d’avoir de la neige, elle est vraiment de bonne qualité. Ça skie bien, sourit Sébastien Mérignargues, directeur de la station. Mais le domaine n'est pas extensible et on ne peut pas absorber plus que de raison. On est obligés de bloquer, ça crée de la frustration."
Première destination montagne de l’hiver en France, les stations de Savoie-Mont-Blanc s’apprêtent à accueillir la première vague de touristes des vacances scolaires. Le taux d’occupation prévisionnel des hébergements marchands, sur la totalité des quatre semaines de vacances, grimpe à près de 82 %, soit trois points de plus que l’an passé, selon l’Observatoire de l’agence Savoie-Mont-Blanc.
"Un effet collatéral du manque de neige”
"On se pose des questions sur le sens aussi : on travaille toute l’année pour faire venir des gens, on fait de la communication, des événements. Et quand les gens arrivent chez nous, on les bloque, on leur interdit de monter. C’est un effet collatéral du manque de neige", poursuit Sébastien Mérignargues.
Cette année, Avoriaz a dû fermer son accès à six reprises, en raison d’une fréquentation record : 250 000 passages aux remontées mécaniques en un week-end.
Les socioprofessionnels et acteurs de la station tentent d’anticiper les quatre semaines des vacances de février, mais surtout l’avenir. Les réflexions sont engagées. C’est tout un écosystème qu’il faut modifier. Pas simple quand tout va bien et que les sous rentrent dans les caisses.