"Il ne faudrait pas un autre hiver sans neige" : optimisme contrasté pour les stations de ski avant les vacances de février

À moins de trois semaines des vacances de février, la qualité de l'enneigement est au cœur des préoccupations des professionnels du secteur. En haute montagne, les stations ne seraient pas contre quelques chutes de neige supplémentaires. À plus basse altitude, certaines stations ont dû restreindre leur activité, voire fermer temporairement.

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"On a subi des chutes de neige, et surtout après des grosses pluies qui ont fluidifié les manteaux neigeux", décrit Christophe Faure, responsable du domaine nordique de Chamechaude (Isère). "Dès qu’il y a du froid dessus, on se retrouve avec des parties enneigées, voire de la glace." Cette moindre qualité d'enneigement pose question, à quelques semaines des vacances d'hiver 2024, surtout quand la neige vient à manquer dans certains secteurs.

Peu voire pas de neige en basse montagne

En cette fin de mois de janvier 2024, suite au redoux et aux fortes précipitations, l'enneigement est en effet déficitaire dans les Alpes du Nord. Sophie Tessier, responsable adjointe du centre Météo France des Alpes du Nord, relève, "qu'en moyenne montagne, il tombe désormais moins de neige et les épisodes durent moins longtemps."

Il y a de moins en moins de neige, même si on a quelques beaux épisodes.

Sophie Tessier

Responsable adjointe du centre Météo France des Alpes du Nord

Ces conditions posent la question de la poursuite de l'activité pendant les prochaines semaines, surtout pour les stations de basse et moyenne montagne. Certaines ont dû limiter leur activité, comme au Col de Porte, situé en Isère dans le massif de la Chartreuse.

"À 1 326 mètres, ce n'est pas très facile", confirme Didier Bic, président de la société Les Portes de Chamechaude. "Néanmoins, au Col de Porte, on est les seuls ouverts en Chartreuse depuis le 16 décembre. Depuis le week-end dernier, la couche de neige s'amincit et avec la chaleur qu’ils annoncent..."

Le domaine a décidé de rationaliser au maximum l'usage de la neige : "Le peu de neige qu'on a, on le met sur le stade de luge pour le faire tourner au maximum, parce que le tapis qui dessert le stade de luge dessert aussi la piste de ski débutants."

Au-delà de la saison 2024, c'est la question de la pérennité de la société d'exploitation qui se pose pour une station qui dépend exclusivement de la neige naturelle. "On atteint un peu nos limites, mais au début des vacances, il faudra qu’il y ait un peu de neige", espère Didier Bic. "Après la pire saison de la station en 2023, il ne faudrait pas qu'on ait encore un autre hiver sans neige."

Jusqu'à 50 % de fréquentation en moins dans certaines stations

D'autres stations de ski ont dû arrêter temporairement leur activité, comme au Planolet à Saint-Pierre-de-Chartreuse, toujours en Isère. "On était ouverts les week-ends en janvier, mais là, tant qu'il ne neige pas...", déclare Virginie Oliot, directrice de l’office de tourisme Cœur de Chartreuse.

Même si les vacanciers sont quand même présents, et louent des hébergements sur de plus courtes périodes, Virginie Oliot constate une baisse de fréquentation de l'ordre de 40 à 50 % : "Cette situation a des conséquences pour les commerces alentours, à Saint-Pierre-de-Chartreuse et Saint-Pierre-d’Entremont, avec un report des Grenoblois sur d'autres stations."

En haute montagne, un "effet altitude"

De leut côté, plusieurs responsables de domaines skiables de haute altitude assurent déjà réaliser une très belle saison, avec des taux d'occupation supérieurs à la même période en 2023. Selon Cécile Ferrando, directrice chargée de la promotion, communication et accueil de l'office de tourisme de Val d'Isère, le domaine savoyard bénéficierait d'un "effet altitude" :  "Les clients savent que la neige est garantie. On frôle les 98,5 % d'occupation la première semaine des vacances, puis 85,6% la deuxième semaine. On tourne ensuite autour de 80 %." 

Du côté de Tignes, on s'orienterait même vers une "année-record" pour 2024, d'après Frédéric Porte, directeur général de la station. "Les clients savent qu’on est ouverts et attendent de voir l'enneigement. On sait déjà que l'enneigement sera de qualité jusqu'à la fermeture le 5 mai."

Même constat pour Éric Bouchet, directeur de l'office de tourisme des 2 Alpes : "Les réservations sont encore en progression en février, et sur la fin de saison au mois d'avril. Nous sommes sur une croissance de 4,5 % en nombre de nuitées par rapport à une année record en 2023."

Une bonne qualité d'enneigement à haute altitude

Concernant la qualité de la neige, il constate que "sur 2 000 mètres de dénivelé, il y a des variations. La neige est très froide et très fraîche entre 2 600 et 3 600 mètres. En-dessous, on est sur des neiges qui ressemblent à des neiges du mois de mars, dures le matin et molles l’après-midi." 

Rémi Counil, directeur général de l’office de tourisme de la Grande Plagne, déclare lui "ne pas être contre quelques chutes de neige, parce qu'au-delà de février, il faut tenir jusqu'en mars. (...) Il y a bien de la neige sur tout le domaine, même sur les liaisons sur le bas. Vers 1 300 mètres, nous avons 40 centimètres au sol, on attend encore quelques chutes de neige."

Il ne va pas falloir que ça dure. Si on a 10°C pendant trois mois, on peut avoir un souci mais ce n'est pas le sujet aujourd’hui.

Jérémie Silva

Directeur de l'office de tourisme de Haute-Maurienne Vanoise

À Val-Cenis, en Savoie, il y aurait 55 centimètres de neige sur piste vers 1 500 mètres d'altitude, voire un mètre de neige au sommet. Jérémie Silva, directeur de l'office de tourisme de Haute-Maurienne-Vanoise, précise que "pour autant, on se rend compte que les précipitations diminuent, donc il faut être assez fin dans le damage." 

Lui aussi a remarqué que la neige était plutôt dure en ce mois de janvier 2024. D'après lui, ces conditions d'enneigement seraient la cause d'un "report de clientèle pratiquant le ski nordique dans le Jura ou les Vosges, où la neige manque par endroits, vers des sites comme les nôtres."

Aux Gets, dans ces conditions, "on fait plus de prévention, on demande d'adapter les vitesses et les comportements, avec les écrans et les bulletins neige", explique Benjamin Mugnier, directeur marketing et commercial du domaine skiable des Gets. Ce lundi, deux skieurs ont été grièvement blessés après des chutes dans des stations iséroises. Selon le PGHM de l'Isère, les conditions en montagne "particulièrement délicates" sont une cause de ces accidents.

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