Un couple de gardiens de refuge élève quelques yacks dans le Chablais, en Haute-Savoie. Ils ont commencé il y a plusieurs années pour diversifier leur activité avec cet animal, bien adapté aux reliefs escarpés.
Au pied du mont de Grange (Haute-Savoie), Norbert et Marie-Pierre font paître leurs bêtes à 1900 mètres d'altitude. Entre les arrivées de randonneurs et le travail auprès des troupeaux, les journées de ces éleveurs, également gardiens de refuge, sont bien remplies pendant les trois mois d'été. Là-haut, le couple élève des moutons, mais aussi, plus insolite, des yacks.
Ces animaux ont rejoint l'alpage il y a quelques années pour diversifier l'activité. Le yack est particulièrement adapté aux reliefs escarpés. "C'est agile, ça a le pied léger mais sûr, ils passent vraiment bien. Même dans des endroits où nous on a du mal, ils passent tranquillement", explique Marie-Pierre Thoule.
Chaque matin, pendant qu'elle s'affaire au refuge, Norbert s'élance pour trente minutes de marche pour s'occuper des troupeaux. En s'installant ici il y a 29 ans, il a lui-même tracé des sentiers en pleine montagne pour mener ses brebis à l'alpage chaque été. Depuis peu, un patou veille sur les bêtes.
Car le quotidien de Norbert a changé depuis que le loup est arrivé dans le secteur. "C'est beaucoup de soucis pour nous, c'est beaucoup de travail parce (...) qu'on est obligé de clôturer. Il faut penser à tout, le moindre petit trou, il faut que ce soit bien tendu, ne pas mettre un filet près d'un rocher pour ne pas qu'il puisse sauter par-dessus", détaille Norbert.
"Tant qu'on peut le faire, on le fera"
Côté refuge, beaucoup de randonneurs marquent une étape sur le GR5, la grande traversée des Alpes. C'est pour eux que Marie-Pierre et Norbert ont construit eux-mêmes cet endroit 30 ans en arrière. "C'est un complément de revenu. Les randonneurs c'est simple, il y a du partage. Et puis en même temps, ça permet d'être là pour les bêtes parce que c'est l'alpage le but premier", estime Marie-Pierre.
"C'est très très loin de l'idée du refuge qui serait fréquenté par des hordes de marcheurs. Là, on retrouve quelque chose de sympa", complète un randonneur. Trois mois dans l'année, le quotidien de Nobert et Marie-Pierre est ainsi rythmé entre le refuge et les bêtes. En septembre, c'est toujours avec un pincement au cœur qu'ils retournent dans la vallée.
Combien de temps pensent-ils conserver ce mode de vie ? "Quand on ne pourra plus y aller, on ne viendra plus, mais j'ai pas envie d'en parler, répond simplement Marie-Pierre. Il ne faut pas programmer la vie comme ça, quand on pourra plus faire on fera plus, mais tant qu'on peut le faire, on le fera."