L'affaire dure depuis près de sept ans. Un petit village de l'Ariège s'oppose à l'implantation d'une antenne-relais supplémentaire. Mais la justice vient de trancher en faveur du projet de l'opérateur Free. Maire et riverains de Saurat sont dépités.
Opposée au choix du lieu d'implantation d'une antenne de téléphonie, la petite commune de Saurat en Ariège vient d'être condamnée pour la sixième fois. Le tribunal administratif de Toulouse lui impose de lever un avis défavorable au raccordement au réseau électrique. Jean-Luc Rouant, le maire sans étiquette de Saurat, va devoir s'y plier. À contrecœur.
"C'est uniquement pour favoriser le business d'un opérateur"
Cela fait près de sept ans que le bras de fer est engagé avec l'opérateur Free qui entend installer une antenne relais de 36 mètres de haut, dans la vallée de Saurat, sur un terrain privé situé dans le parc naturel régional des Pyrénées ariégeoises.
Jean-Luc Rouan, le maire de Saurat, ne comprend pas "qu'on cherche à imposer l'implantation de cette nouvelle antenne dans une zone qui est proche du centre-bourg. Une antenne qui ne desservirait quasiment que le village."
On ne voit que les stratégies commerciales de ce projet. C'est uniquement pour favoriser le business d'un opérateur. On ne voit pas l'intérêt public de cette implantation.
Jean-Luc Rouant, maire de Saurat en Ariège
Selon l'édile, l'opérateur fait la sourde oreille à toute recherche d'alternatives depuis 2018. "On n’est pas opposés au principe des antennes de téléphonie. Au contraire. On est pour le progrès, mais on ne veut pas laisser proliférer les antennes si ce n'est pas nécessaire", estime Jean-Luc Rouant. D'autres antennes couvrent en effet la zone. Et le maire milite pour leur mutualisation.
Les habitants s'inquiètent de voir baisser la valeur de leur maison
Le maire de Saurat est soutenu par les habitants du village. Des riverains se sont d'ailleurs organisés en association pour combattre ce projet d'antenne. Avant le projet de Free, Bouygues avait essayé d'installer une antenne juste au-dessus. "Et ça a fini par ne pas se faire grâce au combat des résidents", raconte Aurélien Serres. Lui a découvert cette problématique après son installation à Saurat. "On n’a pas été mis au courant par l’agence immobilière quand on a acheté", nous dit-il.
Aurélien Serres a acheté sa maison il y a trois ans, avec vue sur l’emblématique rocher de Carlong qui surplombe le village. Bientôt, c'est une antenne relais de 36 mètres de haut qu'il aura sous les yeux. Autant dire certaines habitations pourraient bien perdre de la valeur.
Incompréhension également du côté de Paul Holgado pour qui, le site d'implantation choisi, est tout simplement remarquable. Avec des chemins de randonnée qui passent à côté. Et qui surtout n'est pas une zone blanche. Cette fois, le combat semble bel et bien perdu. La commune et les riverains auraient dépensé près de 30.000 euros en procédures.
(Propos recueillis par Justine Salles et Pascal Dussol)