VIDEO. La Mer de Glace a perdu 30 mètres en deux ans, selon les mesures d'une association italienne

L'emblématique glacier pourrait disparaître dans 75 ans, rappelle l'association Legambiente. Depuis deux ans, en collaboration avec des scientifiques, ses bénévoles effectuent des mesures pour évaluer l'impact du changement climatique et des actions de sensibilisation.

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Un immeuble haut de neuf étages : c’est ce que représente la fonte de la mer de glace entre 2022 et fin 2023. Trente mètres ont disparu, selon le bilan des mesures effectuées par une association écologiste italienne communiqué ce lundi 19 août. 

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L'association italienne tient avec cette action à sensibiliser à la fonte de la mer de glace mais également sur les conséquences du changement climatique. ©David Fricano

Depuis cinq ans, Legambiente sillonne les glaciers italiens. Sa "caravane des glaciers" a traversé la frontière il y a deux ans et fait aussi étape côté français. À son bord, des bénévoles, membres de l'association et spéléologues, relèvent des données mesurer l'impact de la hausse des températures.

Ils mobilisent avec eux des artistes pour sensibiliser le maximum de personnes à cette cause. "Les glaciers sont un vrai indicateur des conséquences du réchauffement climatique", explique l'association.

On est en train de perdre la mémoire historique du glacier le plus ancien. Il est très urgent qu’il y ait une gouvernance européenne pour les glaciers.

Association Legambiente

Cette caravane est aussi l'occasion d'aller à la rencontre des acteurs : touristes, habitants de la montagne, entrepreneurs. "On échange beaucoup avec des gens sur le terrain. Depuis peu, beaucoup de personnes viennent nous interroger aussi sur nos réseaux. Il y a une vraie conscience de l'urgence climatique", évoque Vanda Bornardo. L'activiste de Legambiente est aussi présidente de l'antenne italienne de la Commission internationale pour la protection des Alpes.

Transformation en lac

Depuis plusieurs années, scientifiques météorologues ou associatifs, alertent sur la potentielle disparition de la Mer de Glace. Selon une étude parue en 2019, "dans l'hypothèse la plus pessimiste d'une croissance ininterrompue des émissions de gaz à effet de serre [...], la Mer de Glace pourrait disparaître avant 2100."

Cette même étude poursuit : "A partir des années 2040 environ, le front du glacier va laisser place à un grand lac proglaciaire. Celui-ci atteindra, au bout de deux décennies, un volume d’environ 12 millions de m3."

Les travaux menés par Philip Deline, professeur à l’Université Savoie Mont-Blanc, et Ludovic Ravanel, directeur des recherches du CNRS, en collaboration avec Legambiente, dressent déjà un premier constat. "Il y a, depuis 1930, une augmentation de la température d’1,7 degrés. À cela s’ajoute une récente hausse du nombre de chutes de pierres, environ 12 par an entre 2000 et 2010. En comparaison, entre 1940 et 1950, on n'en comptabilisait que cinq."

"Les effets du réchauffement climatiques se voient immédiatement sur un glacier. On peut le toucher à main nue", alerte l'activiste Vanda Bornardo.

Adapter le tourisme au réchauffement climatique 

La Mer de Glace "nous rappelle qu’il faut changer de voie le plus rapidement possible à travers des mesures politiques fortes", demande Legambiente dans son communiqué. "Nous avons mis en place une pétition, sans oublier que chaque geste compte : du citoyen à l'élu. Nous publierons notre rapport le 11 décembre lors de la journée mondiale de la montagne", explique Vanda Bornardo. 

L’association italienne qui suit l’évolution de ce lieu propose aussi de "de repenser le tourisme." Le site accueille chaque année 450 000 visiteurs par an. "La neige manque chaque année, ce n'est pas pour autant que la montagne va perdre ses visiteurs. Au contraire, ce sera un lieu propice pour fuir les fortes chaleurs. Il va falloir éviter de construire de nouvelles infrastructures ou polluer encore plus cet espace. C'est important de commencer à y réfléchir", ajoute l'Italienne.

L’objectif est de "réussir à préserver les écosystèmes glaciaires à travers le monde." Pour cela, Vanda Bornardo, est allée au Népal en 2023. Un pays qui commence à assister au même phénomène. L'année 2025 est cruciale pour les militants écologistes : "Ce sera l'année mondiale des glaciers." De son côté la militante italienne espère que leur rapport "aura été lu par diverses institutions et que des mesures politiques seront envisagées."

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