A Chamonix, Xavier Cailhol, aspirant guide, a découvert, en mars dernier, une immense crevasse apparue au sommet du mont Blanc. Une conséquence, pour lui, du réchauffement climatique.
Face au réchauffement climatique, la profession de guide est en pleine métamorphose. Le 18 juin dernier, un record absolu de température a été enregistré près du sommet du mont Blanc : 10° 4, du jamais-vu. Immanquablement, le réchauffement remet en cause les fondements même de l'alpinisme.
Il faut composer notamment avec le changement forcé des itinéraires, lié au danger des chutes de pierres, toujours plus nombreuses dans le Couloir du Goûter, passage le plus fréquenté vers le sommet. En juillet dernier, les guides ont cessé de l'emprunter. Trop risqué. Les refuges ont même été fermés.
A 26 ans, Xavier Cailhol est aspirant guide, mais aussi étudiant en géographie. Il vient régulièrement ausculter l'état de la voie normale du Mont-Blanc. Il y a quelques mois, il a découvert une immense crevasse, juste sous le toit de l'Europe, à près de 4800 mètres d'altitude. Un phénomène totalement inédit.
Personne n'a jamais observé un tel phénomène jusqu'à présent, la crevasse s'est creusée très rapidement.
Xavier Cailhol, aspirant guide
"C'est une crevasse qui s'est ouverte le long de l'arête des Bosses, sur 150 mètres de long. En fait, c'est une série de crevasses. La principale fait 16 mètres de large, un pan entier s'est détaché, jusqu'au rocher. Elle s'est creusée a priori dans cet hiver 2021/2022, il n'y a aucun signe visible avant", raconte le jeune homme qui l'a étudiée de près, après avoir comparé les images au fil du temps.
Il a échangé avec des anciens, guides eux aussi qui ont assuré "n'avoir jamais observé un tel phénomène à cet endroit, à ce moment de l'année" : "Cela veut dire que cela a été très rapide, qu'il ne s'agit pas d'un événement cyclique. Sinon cela se serait déjà produit avant, il est donc lié au dérèglement climatique", conclut-il.
Xavier est à l'image de bien des jeunes guides : plus scientifique et très sensibilisé au réchauffement de la planète. Pour cette nouvelle génération, "le rapport à la montagne doit changer".
Guides, glaciologues et autres scientifiques sont désormais au chevet des glaciers. De tous les glaciers. Il y en a 220 000 recensés à travers le monde. Chaque année, ils perdent en moyenne 267 milliards de tonnes de glace. Autrement dit, 4 % des glaciers ont d'ores et déjà disparu de la surface du globe. A cette vitesse, ceux des Alpes auront perdu jusqu'à 90 % de leur masse d'ici 2050. Leur épaisseur moyenne est aujourd'hui de 61 mètres contre 80 il y a 20 ans.